(sermon)


SUBMERGÉE PAR L'AMOUR par Pascal Cusson



Versets :  Marc 14 :3-9 (SER)

3  Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase d'albâtre qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; elle brisa le vase et répandit le parfum sur la tête de Jésus. 4  Quelques-uns exprimèrent entre eux leur indignation: A quoi bon perdre ce parfum? 5  On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et ils s'irritaient contre cette femme. 6  Mais Jésus dit: Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine? Elle a fait une bonne action à mon égard; 7  car vous avez toujours les pauvres avec vous, et vous pouvez leur faire du bien quand vous le voulez, mais moi, vous ne m'avez pas toujours. 8  Elle a fait ce qu'elle a pu; elle a d'avance embaumé mon corps pour la sépulture. 9  En vérité, je vous le dis, partout où la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait.


INTRODUCTION


La scène se déroule à Béthanie, une ville située juste en dehors de Jérusalem, la nuit précédant l'entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem. Dans quelques jours, Jésus sera arrêté, jugé, reconnu coupable, et condamné à mort. Jésus sait tout cela. Il connaît d'avance tout ce qui va arriver.
Ainsi donc, que fait le Fils de Dieu en cette nuit ? Il va à une fête donnée en son honneur par Simon le lépreux. Il y va pour partager avec ses amis un repas agréable et une conversation amicale, avant qu'il n'aille à Jérusalem pour y mourir.
Comme Jésus s'assied à la table avec ses amis, une femme faisant partie de la foule, est si submergée par l'amour pur et la reconnaissance pour son salut, qu'elle prend un vase de parfum précieux, le brise, et répand tout son contenu sur la tête de Jésus pour le oindre.
Certains des assistants commencent à la critiquer, trouvant que son geste est un acte                 extravagant et gaspilleur. Mais Jésus les fait taire, en disant qu'il approuve son geste. Il a dit qu'elle a fait une belle chose. Il a dit qu'elle a fait ce qu'elle pouvait pour lui et que, partout où l'Évangile serait prêché, l'action de cette femme serait rappelée.
Je vois cette histoire comme une belle expression d'amour pur, instinctif, désintéressé, intuitif.

Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti cette sorte d'amour ou non. Si oui, il vous a probablement pris totalement au dépourvu.
Ceux qui, parmi vous, ont des enfants, l'on peut-être ressenti quand vous êtes entrés dans la chambre de votre enfant (ou adolescent) et avez constatés qu'il (ou elle) avait rangé sa chambre, accroché ses vêtements dans le placard au lieu de les laisser traîner par terre, qu'il a fait son lit, et mis son linge salle dans le pannier prévu à cet effet. Ladite chambre est maintenant un modèle de propreté, et cela, pour un instant,  vous comble de joie ! Soudainement, dans votre for intérieur, vous commencez à vous poser des questions angoissantes :  " Est-ce que le petit a fait des bêtises que j'ignore encore, et cherche-t-il par là à se faire pardonnez d'avance ? " ou bien " Je me demande bien ce qu'il(elle) va bien pouvoir me demander en retour ! ". Lorsque vous posez des questions à votre enfant au sujet de cette subite envie de faire du rangement, il(elle) vous répond candidement :  (Maman (ou papa), je n'ai fait aucune bêtise, ni n'ai de faveur spéciale à te demander. J'ai fait tout cela simplement parce que je t'aime et aussi parce que je voulais te faire plaisir ! "
Ou bien, mes chères sœurs en Christ, avez-vous, par exemple, peut-être ressenties cet amour spontané si, quand, en rentrant du travail, votre mari vous a apportées une douzaine de roses rouges ! Ce n'était pourtant ni votre anniversaire, ni la fête des mères, ni Noël. C'était juste un jour ordinaire. Soudain, vous vous demandez si il a fait quelque chose de mal et cherche par ce geste à se faire pardonner, ou bien, peut-être, qu'il a une mauvaise nouvelle à vous annoncer et cherche-t-il par ce moyen à amortir le choc. Mais, lorsque vous faites part de vos inquiétudes à votre époux, il vous a souri tendrement et a répondu :  " Non, ma chérie. J'ai fais cela, simplement parce que je t'aime ! "
Les deux illustrations précédentes, ainsi que l'histoire écrite en Marc 14, illustrent d'une très belle
façon ce qu'est l'amour pur et intuitif !

Il est triste de constater que la plupart des gens qui ont suivi Jésus l'ont fait par égoïsme, et non par amour. Ceux qui étaient malades l'ont suivi parce qu'ils voulaient être guéris de leurs maladies. Les gens pauvres et affamés l'ont suivi parce qu'il avait la réputation d'être plein de compassion pour les miséreux. Ses disciples l'ont suivi parce qu'il avait parlé d'un royaume et eux, ils voulaient en faire partie et y occuper des postes élevés. Les politiciens l'ont suivi parce qu'il exerçait une sorte de pouvoir et de fascination sur la foule ; et eux, ils voulaient une partie de ce pouvoir. Les leaders religieux l'ont suivi, parce qu'ils voulaient le prendre au piège soit par ses paroles, soit par ses actes. De grandes foules l'ont suivi ; non pas parce qu'elles l'aimait pour lui-même, mais plutôt parce qu'elles voulaient obtenir quelque chose de lui.

Mais, malgré tout cela, Jésus les a aimés quand même. Il a regardé la ville de Jérusalem et a pleuré sur elle, car il était rempli d'amour pour les pécheurs qui l'habitait. Il a regardé la foule, l'a aimé,  et a eu envie que son amour envers elle soit payé de retour. Mais, hélas ! Nulle part, dans aucun des quatre évangiles, il est fait mention de quelqu'un qui se soit approché de lui pour lui dire :  " Seigneur, je vous aime. " ; en fait, c'est tout juste si quelques personnes, après avoir été guéries, revenaient vers lui pour le remercier.


I. ELLE A EXPRIMÉ SON AMOUR


C'est pourquoi cette histoire rapportée en Marc 14 est si précieuse, parce que cette femme est submergée par l'amour pur et intuitif qu'elle ressent pour le Seigneur, et qu'elle le lui démontre du mieux qu'elle peut.

Nous ne savons pas qui elle était. Ni Marc, Luc ou Matthieu ne le disent. Seul Jean la présente, sous le nom de Marie. Certains en ont déduit qu'il devait s'agir de Marie de Magdala. D'autres ont pensé qu'il devait s'agir de Marie sœur de Marthe et Lazarre. Mais, toutes ces suggestions ne sont que spéculations ; personne ne savait vraiment qui elle était.

Quelques savants ont déduit que le vase d'albâtre contenant le précieux parfum renfermait un parfum généralement utilisé par les dames de la nuit - les prostituées qui arpentaient les rues. C'était un outil de leur commerce. Elles s'en aspergeait tout le corps, espérant ainsi attirer les hommes afin qu'ils payent pour leurs faveurs sexuelles.
Si cette dernière hypothèse est vraie, alors cette histoire prend une signification encore plus profonde. Parce que cela signifie que cette femme a pris un outil de son commerce et l'a brisé. Son geste est clair. Il est for probable qu'elle ait entendue quelques-unes des prédications du Maître, et, touchée par celles-ci, elle a décidée de renoncer à son ancienne vie pour plutôt suivre le droit chemin. Pour remercier le Seigneur de lui avoir ouvert les yeux et d'avoir rempli son cœur d'un amour pur et sans arrières-pensées, dans son enthousiasme, elle a brisée le précieux vase et l'a oint avec le parfum dispendieux qu'il contenait.

Arrêtons-nous un instant, et méditons ensemble sur cette question :  quelle différence cela ferait-il, dans l'Église, si nous montrions autant d'enthousiasme pour Jésus que pour les choses du monde ?...


II. LE SIEN ÉTAIT UN AMOUR EXTRAVAGANT


Sans réserve, cette femme a exprimée son amour. Sa démonstration a semblée extravagante et idiote aux yeux de ceux qui observaient. Mais l'amour est souvent extravagant, n'est-ce pas ?   L'amour fait faire des choses extravagantes.

Il nous est tous déjà arrivé d'acheter des choses très dispendieuses, souvent au-delà de nos moyens financiers, aux gens que nous aimons. Cela nous a fait plaisir de le faire et quand des années plus tard, nous constations que les personnes aimées avaient encore nos cadeaux en souvenir de notre amour,cela nous remplissait de joie. L'amour est ainsi fait. Il nous fait commettre des gestes qui semblent extravagants ou gaspilleurs, tout simplement pour que nous puissions manifester nos bons sentiments envers des êtres chers à nos cœurs.
Cette femme, dans Marc 14, aurait pu tout simplement ouvrir le vase sans le briser, et répandre seulement quelques gouttes de parfum sur la tête de Jésus. Chacun aurait dit :  " Oh, quel merveilleux acte de dévotion ! ". Ou, elle aurait pu répandre tout le contenu du vase sur la tête du Seigneur, sans pour autant briser le vase, car ainsi elle aurait pu le remplir à nouveau. Les gens auraient dit :  " Que de générosité ! "

Mais cette femme a tant aimée Jésus qu'elle a brisé le vase, afin qu'il ne puisse pas être rempli de nouveau.

Par ce geste, elle a voulu démontrer qu'elle ne retournerait plus jamais à son ancien mode de vie, parce qe, un jour, un homme (Jésus), avait croisé sa route sans rien lui demander ou exiger d'elle, mais au contraire, pour lui donner quelque chose à elle, sans contrepartie. Il a pardonné tous ses péchés. Elle a tellement été submergée par cet amour, qu'elle a voulue, impulsivement, le remercier en lui offrant ce parfum de grand prix, qui était probablement ce qu'elle possédait de plus précieux.

Quant à nous, cet amour impulsif nous fait souvent cruellement défaut ! Combien de fois, avons-nous pleurés sur la tombe de parents ou d'amis, en nous disant :  " J'aurais dû lui dire plus souvent que je l'aimais ! Maintenant, il est trop tard ! "

Cette femme, quant à elle, a sentie quelque chose que les apôtres avaient manqué. C'était sa dernière chance de dire à Jésus qu'elle l'aimait, et elle a profitée de cette occasion, car bientôt il serait cloué sur la croix ; il n'y aurait plus de moment aussi favorable que ce souper entre amis. Alors, sans hésiter, elle a saisie cette occasion unique. Et, vu que les mots semblaient insuffisants pour exprimer ses sentiments, elle a pris le seul bien de valeur qu'elle possédait et l'a donné à Jésus. Son geste fut très beau, et Jésus l'a apprécié, car il a dit :  " elle a fait une belle action à mon égard " ;  ensuite, pour ajouter plus de poids à ses propos, il a ajouté :  " elle a fait ce qu'elle pouvait. ... En vérité, je vous le dis, partout où la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait. ".


III. " ELLE A FAIT CE QU'ELLE POUVAIT "... -- ET NOUS, L'AVONS-NOUS FAIT ?


Il n'y a aucun hommage plus grand que celui-là. Cette femme n'a pas beaucoup de choses, mais elle a pris ce qu'elle avait de meilleur et l'a donné sans hésiter au Seigneur. Son geste a permis au Maître de pouvoir dire :  " elle a fait ce qu'elle pouvait ".

Et voici le plus beau dans cette histoire :  elle l'a fait seulement pour Jésus. Pas pour Simon le lépreux, ni pour Pierre Jacques ou Jean ; elle ne l'a fait pour personne d'autre. Elle l'a fait pour le Seigneur uniquement. Son geste a beaucoup ému le Maître, car personne d'autre parmi la foule ou parmi les disciples, ne lui avait témoigné un si grand geste d'amour désintéressé.

Pour notre part, avons-nous donné toute notre énergie au service du Seigneur, et lui avons-nous témoigné tout l'amour qui lui est dû ?  Qu'avons-nous fait juste pour le Maître ? Peut-être avons-nous fait un peu ici et là, de temps en temps. Mais laplupart du temps, en toute honnêté, nos actions sont motivés par nos motifs et désirs personnels. Je rougis de honte à l'avance, en pensant au jour où je verrai mon Sauveur, et qu'il me demandera :  " Et toi, qu'as-tu fais juste pour moi ? As-tu exprimé ton amour à mon égard sans attendre quelque chose en retour de ma part ? M'as-tu, rienque une fois, dit du plus profond de ton cœur :  " Seigneur, je t'aime ! " ". Ne vous sentez-vous pas rougir de honte vous aussi ?

Sincèrement, lorsque nous paraîtrons devant le trône de gloire de Dieu tout-puissant, et qu'il ouvrira le grand livre où nos noms sont inscrits ainsi que tous nos péchés couverts par le sang de Christ, le Seigneur pourra-il dire de nous avec fierté :  " Mon Père bien-aimé, voici X, et il a fait ce qu'il pouvait. D'autres ont fait plus. Certains ont fait moins. Mais il a pris tous les talents que nous lui avions donné, et il a fait de son mieux pour les utiliser à notre service. ". En toute honnêteté, le Seigneur pourra-t-il vraiment dire cela de nous ? J'espère sincèrement que oui ! Mais, pour plus de sûreté, appliquons-nous davantage à encore mieux le servir. Un homme averti en vaut deux !

Dieu nous a aimés plus que nous ne pourrons jamais le faire. Nous ne pourrons jamais être assez riches ou dévoués pour lui rendre cet amour. D'ailleurs, ce n'est pas ce que Dieu attend de notre part. Il veut juste que nous acceptions ce qu'Il a fait pour nous et que nous l'aimions pour cela. Il a donné son Fils unique et bien-aimé pour le rachat de nos péchés. L'aimons-nous sincèrement pour cela ? Si oui, penchons tous la tête, et prions ensembles pour l'en remercier.


PRIÈRE


Seigneur. Nous ne vous prions pas aujourd'hui pour l'exaucement de nos requêtes, ni pour la guérison de nos maladies. Nous vous prions simplement pour vous dire que nous vous aimons. Nous voulons aussi déposer à vos pieds ce que nous avons de plus précieux :  nos vies brisées. Nous vous les remettons afin que vous recolliez les morceaux à votre convenance, afin qu'elles soient utiles pour votre service. C'est au nom de votre divin Fils Jésus-Christ qui est mort sur l'infâme bois pour nous racheter de nos péchés, que nous vous prions. Amen.