Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sondez Les Écritures
30 avril 2019

ethique#2 la honte

(éthique 2)
La honte
par Dietrich Bonhoeffer
Au lieu de Dieu, l'homme se découvre lui-même. "Alors les yeux de tous deux s'ouvrirent" (Gen. 3.7). Il se reconnaît séparé de Dieu et de son semblable. Il voit qu'il est nu: Sans la protection, sans le voile que Dieu et son semblable signifient pour lui, il se découvre mis à nu. "Alors ils se firent des ceintures." La honte cherche à se voiler pour vaincre la division. Mais le voile ne fait que la confirmer, et ne peut donc pas guérir le mal. L'homme se voile et se cache devant ses semblables et devant Dieu. Le voile est nécessaire pour tenir en éveil la honte et, par elle, le souvenir du divorce d'avec l'origine, et, de plus, parce que l'homme doit se supporter lui-même et vive dans l'obscurité, en tant qu'être désormais divisé. Sinon, il commettrait une trahison envers lui-même. "Chaque esprit profond a besoin d'un masque" dit Nietzsche. Ce masque n'est ni feinte ni mystification, mais bien un signe nécessaire de la division; en cela il est respectable. (Sous ce masque vit le désir du rétablissement de l'unité perdue.) Où ce désir s'ouvre violemment une voie, comme dans l'union des sexes par laquelle le couple devient une seule chair (Gen. 2.24), et dans la religion où l'homme cherche son unité avec Dieu, là donc où le voile se déchire, la honte s'entoure de la plus profonde obscurité. Kant voyait dans la honte qu'il éprouvait à être surpris en train de prier un argument contre la prière. Il oubliait que dans son essence même la prière est chose secrète, il oubliait la signification fondamentale de la honte pour l'existence humaine. Parce que la honte à la fois procède de la division et la combat, l'homme tantôt se voile et tantôt se dévoile, se cache et se manifeste, vit dans la solitude et dans la communauté. Dans la solitude -- c'est-à-dire en confirmant la division -- il peut donc faire l'expérience de la communauté, certes déchirée, de manière plus intense que s'il la vivait vraiment. Les deux états doivent toujours coexister. La communion même la plus étroite ne doit pas détruire le secret de l'homme désuni. Exprimer en paroles ce qui nous lie à un de nos semblables, et par là nous dénuder à nos propres yeux, peut être ressenti comme un reniement de la honte. La joie la plus personnelle ainsi que la douleur la plus profonde ne souffrent pas davantage d'être dévoilées par la parole. De même la pudeur nous préserve de toute ostentation dans nos rapports avec Dieu. Enfin, l'homme maintient un dernier voile en face de lui-même, il garde par devers lui son propre secret, en refusant par exemple de prendre conscience de tout ce qui se passe en lui. Tout ce qui procède du désir de l'homme de retrouver l'unité perdue est également recouvert du voile de la honte. Le mystère de la pudeur s'étend à la force créatrice de l'homme, qui tente de réunir ce qui est divisé; en cela se révèle le souvenir du divorce d'avec le Créateur et du rapt commis envers lui. Et cela vaut pour la procréation aussi bien que pour la naissance des oeuvres d'art et les découvertes scientifiques, pour toute oeuvre créatrice qui procède de l'union de l'homme avec le monde. C'est seulement quand la vie est là, quand l'oeuvre est achevée, que la joie triomphante ce fait jour à travers le mystère de la pudeur. Mais l'une et l'autre gardent pour toujours en elles le secret de leur éclosion. La dialectique du "voilement" et du dévoilement n'est que le signe de la honte. Celle-ci cependant n'est pas dissipée pour autant, mais bien plutôt confirmée. Elle ne pourra être vaincue que lorsque l'unité originelle sera rétablie, lorsque l'homme sera revêtu par Dieu de l'autre homme, par "l'habitation céleste", le temple de Dieu (1 Cor. 5.2ss.). (On ne surmonte la honte qu'en souffrant une hmiliation extrême, à savoir être révélés et nous connaître devant Dieu.) "Alors tu te souviendras de ta conduite; tu en éprouveras de la honte, et, au sein de ta confusion, tu n'ouvriras plus la bouche, quand je t'aurai pardonné tout ce que tu as fait, dit le Seigneur l'Éternel." (Ez. 16.63). "... Je n'agis pas ainsi à cause de vous, dit le Seigneur l'Éternel, sachez-le bien. Sentez votre honte et rougissez de votre condition, enfants de la maison d'Israël." (Ez. 36.32). (On ne vaincra la honte que dans la confusion provoquée par le pardon du péché;) autrement dit par la restauration de la communion avec Dieu et les hommes. Cela devient réalité dans la confession faite à Dieu et au prochain. Le fait que l'homme est couvert par le pardon de Dieu, par "l'homme nouveau" qu'il revêt, par la communauté de Dieu, par l'habitation céleste, est résumé dans ce vers: Le sang du Christ et sa justice sont ma parure et ma robe de gloire. (Leipzig 1638)

Publicité
Publicité
Commentaires
Sondez Les Écritures
  • Blog proposant du matériel chrétien pour l'évangélisation, les études bibliques, des sermons complets ou sous forme de plans, des plans de lecture de la Bible, en fait, des sources utiles pour aider les pasteurs et enseignants bibliques, croyant de base.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 53 001
Catégories
Pages
Sondez Les Écritures
Publicité