Esquisses de l'histoire de l'Église

Histoire de l'Église : 33 - 604 après J.-C.

Volume 1

Chapitre 1

Texte traduit de l'anglais par Pascal Cusson

Texte libre de droits

2024




Révérend J.C. Robertson - L'ÂGE DES APÔTRES (33-100 après JC)



On compte les débuts de l'Église chrétienne à partir du
grand jour où le Saint-Esprit descendit, selon notre Seigneur
avait promis à ses apôtres. A cette époque, « les Juifs, les hommes pieux,
de toutes les nations sous les cieux », étaient rassemblés à Jérusalem,
célébrer la fête de la Pentecôte (ou fête des semaines), qui était l'une des
trois saisons saintes auxquelles Dieu exigeait que son peuple apparaisse
devant Lui dans le lieu qu'Il avait choisi (Deutéronome XVI, 16).

Beaucoup de ces hommes pieux se sont convertis par ce qu'ils ont alors vu et
entendu, croire à l’Évangile; et, quand ils retournèrent chez eux
dans leur pays, ils rapportaient avec eux la nouvelle du merveilleux
choses qui s'étaient produites à Jérusalem. Après cela, les Apôtres
s'en allèrent « dans le monde entier », comme leur Maître le leur avait ordonné,
« annoncer l'Évangile à toute créature » (Saint Marc, XVI, 15). Le livre
des Actes nous dit quelque chose de ce qu'ils ont fait, et nous pouvons apprendre
quelque chose de plus à ce sujet dans les épîtres. Et, bien que ce ne soit
qu'une petite partie du tout, cela nous donnera une idée du reste, si
nous considérons que, pendant que saint Paul prêchait en Asie Mineure,
En Grèce et à Rome, les autres apôtres faisaient de même
et travaillaient dans d’autres pays.

Nous devons également nous rappeler du va-et-vient constant qui, dans ces pays,
chaque jours ont eu lieu à travers le monde, comment les Juifs de tous bords
montaient à Jérusalem pour célébrer la Pâque et d'autres fêtes ; comment le
grand empire romain s'étendait de notre propre île de Grande-Bretagne jusqu'à
la Perse et l'Éthiopie, et des gens de toutes les régions disaient
je vais continuellement à Rome et je reviens. Nous devons considérer comment
les marchands voyageaient de pays en pays en raison de leur
commerce; comment les soldats furent envoyés dans toutes les Provinces de l'empire et
ont été déplacés d'un pays à l'autre. Et de ces choses
nous pouvons avoir une certaine compréhension de la manière dont la connaissance de
l'Evangile se répandrait, une fois qu'il aurait pris racine dans les grandes
villes de Jérusalem et de Rome. Ainsi arriva-t-il qu'à la fin
des cent premières années après la naissance de notre Sauveur, quelque chose
fut connue de la foi chrétienne dans tout l'empire romain, et
même dans des pays au-delà ; et si dans de nombreux cas, seulement un très
petit peu de choses de l'Évangile, mais même cela constituait un gain et servait de
préparation pour en savoir plus.

Le dernier chapitre des Actes laisse saint Paul à Rome, attendant
son procès à cause des choses que les Juifs lui avaient mis sur le dos pour le charger devant la justice impériale. Nous trouvons dans les épîtres qu'il reçut ensuite sa
liberté et retourna en Orient. Il y a des raisons de supposer qu'il visita également l'Espagne, comme il en avait parlé dans son épître auxRomains (ch. XV. 28) ; et certains ont pensé qu'il
même prêché en Grande-Bretagne ; mais cela ne semble pas probable. Il était
fut emprisonné pour la dernière fois à Rome, où le méchant empereur Néron
persécutait les chrétiens très cruellement; et on pense que les deux
Saint Pierre et Saint Paul y furent mis à mort en l'année de notre
Seigneur 68. Les évêques de Rome ont ensuite revendiqué un grand pouvoir
et honneur, car ils disaient que saint Pierre était le premier évêque de
leur église, et qu'ils étaient ses successeurs. Mais même si nous pouvons
croire raisonnablement que l'Apôtre a été martyrisé à Rome, il n'y a pas de doute.
ne semble pas être un motif valable pour penser qu'il avait été
s'y installer comme évêque de la ville.

Tous les apôtres, à l'exception de saint Jean, sont censés avoir été
martyrisé (ou mis à mort pour l’amour de l’Évangile). Saint Jacques, qui était évêque de Jérusalem, fut tué par les Juifs lors d'une
émeute tumultueuse, vers l'an 62. Peu de temps après, les Romains envoyèrent leurs
armées en Judée et, après une guerre sanglante, ils prirent la ville de
Jérusalem et détruisirt le Temple.

Trente ans après Hérode, un autre empereur cruel, Domitien,
souleva une nouvelle persécution contre les chrétiens (95 après JC). Parmi
ceux qui en souffrirent étaient certains de ses proches parents ; pour l'amour de Dieu.
L'Évangile avait maintenant fait son chemin parmi les grands peuples de la terre,
ainsi que parmi les pauvres, qui furent les premiers à l'écouter. Il y a
une histoire que l'on raconta à l'empereur selon laquelle certaines personnes de la famille de
David vivait en Terre Sainte et qu'il les envoya chercher,
parce qu'il craignait que les Juifs ne les établissent comme princes,
et devrait se rebeller contre son gouvernement. Ils étaient deux petits-enfants
de saint Jude, qui était l'un des parents de notre Seigneur selon la chair, et
ils appartenaient donc à la maison de David et aux anciens rois de Juda.
Mais ces deux-là étaient de simples compatriotes, qui vivaient tranquillement et
avec contentement dans leur petite ferme, et n'étaient pas susceptibles de diriger une
rébellion, ou pour revendiquer des royaumes terrestres. Et quand ils furent portés
devant l'empereur, ils lui montrèrent leurs mains qui étaient rudes
et abîmées par le travail dans les champs ; et en réponse à ses questions
à propos du royaume du Christ, ils disaient que ce n'était pas de ce
monde, mais spirituel et céleste, et qu'il apparaîtrait à
la fin du monde, quand le Sauveur reviendrait pour juger les
Mort et les vivants. Alors l'empereur vit qu'il n'y avait
pas matière à avoir peur d'eux, et il les laissa partir.

C'est pendant la persécution de Domitien que saint Jean fut banni
l'île de Patmos, où il eut les visions décrites
dans sa "Révélation apocalyptique". Tous les autres apôtres étaient morts depuis longtemps, et
Saint Jean avait vécu de nombreuses années à Éphèse, où il gouvernait
les églises du pays alentour. Après son retour de Patmos, il se rendit
à toutes ces églises, afin qu'il puisse réparer le mal
qu'ils avaient souffert dans la persécution.

On raconte que dans l'une des villes qu'il
visita, il remarqua un jeune homme d'apparence très agréable et l'appela.
Ill pria l'évêque du lieu de s'occuper de lui. L'évêque le fit et, après avoir convenablement formé le
jeune homme, il le baptisa et le confirma. Mais quand cela fut fait,
l'évêque pensa qu'il n'avait pas besoin de veiller sur lui avec autant d'attention
qu'avant, et le jeune homme tomba dans une compagnie vicieuse et continua
de mal en pis, jusqu'à ce qu'il devienne enfin le chef d'une bande
de voleurs qui entretenaient la terreur dans tout le pays. Quand l'apôtre ensuite
visita à nouveau  la ville, il s'enquit du jeune homme qu'il avait confié
entre les mains de l'évêque. L'évêque, avec honte et chagrin, répondit que
le jeune homme était mort et, après avoir été interrogé davantage, il
expliqua qu'il voulait dire mort dans ses péchés et raconta toute l'histoire. St
Jean, après lui avoir reproché de ne pas avoir fait plus attention,
demanda où se trouvaient les voleurs et partit à cheval
pour leur repaire, où il fut saisi par certains membres de la bande et fut
porté devant le capitaine. Le jeune homme, en le voyant, le reconnut
aussitôt, et ne pouvant supporter son regard, il s'enfuit pour se cacher.
Mais l'Apôtre le rappela et lui dit qu'il y avait encore de l'espoir
pour lui à travers le Christ, et il a parlé d'une manière si émouvante que
le voleur a accepté de retourner en ville. Là, il fut de nouveau reçu
dans l'Église en tant que pénitent; et il passa le reste de ses jours
en repentance pour ses péchés et dans la gratitude pour la miséricorde qui lui a été accordée.


Saint Jean, dans sa vieillesse, fut très troublé par les faux enseignants, qui
avait commencé à corrompre l’Évangile. Ces personnes sont appelées
"hérétiques", et leurs doctrines sont appelées "hérésie" d'un grec
mot qui signifie « choisir », parce qu'ils ont choisi de suivre leurs propres
fantaisies, au lieu de recevoir l'Évangile comme les apôtres et les
L’Église l’a enseigné. Simon le sorcier, mentionné au huitième
chapitre des Actes, est considéré comme le premier hérétique, et même
au temps des Apôtres, un certain nombre d'autres surgirent, comme
Hyménée, Philète et Alexandre, mentionnés par saint Paul (1
Tim. 1. 19f; 2 Tim. ii. 17f). Ces premiers hérétiques étaient pour la plupart
ceux qu'on appelle les Gnostiques, un mot qui signifie qu'ils prétendaient
être plus connaissant que les chrétiens ordinaires, et peut-être que saint Paul
pensaient peut-être particulièrement à eux quand il a mis en garde Timothée contre
« science » (ou connaissance) « faussement ainsi appelée » (1 Tim. VI. 20). Leur
Ces doctrines étaient un étrange mélange de notions juives et païennes
ajoutées au christianisme ; et il est curieux que certains des plus étranges
de leurs opinions ont été reprises de temps en temps par
des gens qui croyaient avoir découvert quelque chose de nouveau, alors qu'ils
n'était tombé que dans de vieilles erreurs, qui avaient été condamnées par
l'Église des centaines d'années auparavant.

Saint-Jean a vécu jusqu'à environ cent ans. Il était enfin si faible
qu'il ne pouvait pas entrer dans l'église; alors il y a été transporté, et
disait continuellement à son peuple : « Petits enfants, aimez-vous
les uns les autre." Certains d'entre eux, au bout d'un moment, commencèrent à être fatigués d'entendre
cela, et lui demandèrent pourquoi il répétait ces mots si souvent, et ne disait
rien d'autre pour leur édification. L'Apôtre répondit : « Parce que c'est le
Le commandement du Seigneur, et si cela est fait, cela suffit. »