La famille -Foyer et vie sociale dans l'Israël biblique
La famille -Foyer et vie sociale dans l'Israël biblique=================================================================
Il n'est pas facile d'imaginer comment vivaient les gens il y a cinquante ans --et à plus forte raison de se faire une idée juste de ce qu'était le foyer et la famille aux temps bibliques. En outre, le pays de la Bible se trouve à l'est de la Méditerranée et a, de ce fait, un climat différent du nôtre. En Israël, les étés sont chauds et secs. Quand le vent du désert (le sirocco) souffle d'Arabie, il fait une chaleur torride. Les hivers sont humides. Les premières pluies ameublissent le sol durci par le soleil, en octobre-novembre. Les pluies tardives font pousser les récoltes en mars-avril.
L'Israël d'aujourd'hui est un petit pays, comme l'était l'Israël d'autrefois. Il n'y a que 225 km du nord au sud et 75 km d'est en ouest. Mais il comprend de vastes plaines fertiles, une montagne de 2750 m, un désert brûlant et une vallée tropicale à 390 m au-dessous du niveau de la mer. Il y a donc une grande variété de climats dans le pays, et ceci influe sur la vie des gens. En hiver, il peut neiger à Jérusalem, alors qu'à 35 km d là, à Jéricho, il fait très chaud. Les riches s'installaient autrefois à Jéricho pour l'hiver, tandis que leurs voisins plus modestes devaient rester à Jérusalem. L'argent et la position sociale exerçaient ainsi une certaine influence sur la vie de famille.
CHANGEMENTS:
De l'époque d'Abraham (environ 1900 av. J.-C.) à celle de la rédaction du dernier livre du Nouveau Testament (environ 100 ap. J.-C.), 2000 ans se sont écoulés, au cours desquels bien des changements se sont produits. Abraham vécut en semi-nomade. Ses descendants s'établirent en Canaan, créèrent des villages et apprirent certaines techniques des Cananéens.
L'instauration de la monarchie entraîna encore de plus profondesmodifications. Aux anciens du village fut substitué un gouvernement central à Jérusalem. Le pays connut la prospérité --mais aussi les travaux forcés, les impôts, et la discrimination entre riches et pauvres. Une révolution coupa le pays en deux. Les invasions syriennes, égyptiennes, assyriennes et babyloniennes, 70 années d'exil, suivies par la domination perse, grecque et romaine amenèrent de nouvelles coutumes et conceptions. Tout cela affecta la vie familiale en Israël.
CONNAISSANCE DU MONDE DE LA BIBLE:
Il y a 1900 ans que la Bible est achevée. C'est elle qui nous fournit laplupart des données sur la vie des Israélites durant la période biblique mais elle ne le fait qu'accessoirement. Car son objectif principal est de nous annoncer le message de Dieu --d'exposer son plan de salut pour un monde perdu et malheureux. Les archéologues essayent donc de combler les lacunes, en se basant sur les documents, les vestiges de bâtiments et les objets qu'ils ont découverts. Mais certains de ces objets ont changé de nom, par exemple les instruments de musique, les pierres précieuses et les plantes, et parfois nous ne pouvons que deviner le sens de tel ou tel mot.
Malgré les difficultés, il est essentiel de connaître l'arrière-plan de la Bible. Dieu a parlé par différentes personnes vivant chacune à une période précise de l'histoire, ainsi que par la vie de gens tout ordinaires. Jésus lui-même n'est pas né à la cour, mais dans le foyer>d'un couple très simple. Plus nous nous rapprochons de ces gens et de leur mode d'existence, mieux nous comprendrons ce que la Bible a à nous dire.
LA VIE DE FAMILLE
Du temps d'Abraham la «famille» était ce que nous appellerions aujourd'hui une «famille élargie». Elle était composée non seulement des parents et de leurs enfants, mais aussi des grands-parents, oncles, tantes, cousins --et serviteurs. Elle pouvait être très nombreuse. Abraham peut disposer de 318 hommes armés, lorsqu'il alla délivrer Lot de la main des rois qui l'avaient fait prisonnier (Genèse 14:14).
Dans ce type de famille, le grand-père était l'autorité suprême, non seulement pour les questions pratiques, mais aussi pour celles qui touchaient à la religion. A sa mort, son fils aîné prenait la relève. La parole du patriarche avait force de loi. Le clan familial d'Abraham acceptait le fait que Dieu s'était révélé à lui dans le silence du désert. Son Dieu était devenu leur Dieu, même s'ils ne partageaient pas toujours sa foi.
Dieu fit la promesse à Abraham --et la refit à Isaac et à Jacob-- d'être leur Dieu, de prendre soin d'eux et de les protéger. En retour, ils devaient poursuivre ses préceptes. Ceux-ci furent précisés à une génération ultérieure dans le décalogue reçu par Moïse au Sinaï. Dès l'origine, la vie quotidienne en Israël était donc liée à sa vie religieuse. Les deux ne faisaient qu'un et ne pouvaient être dissociées. Tout ce que faisait la famille était basé sur la loi de Dieu. Si l'on se maltraitaient l'un l'autre, on transgressait la loi de Dieu. Il fallait alors mettre les choses en règle au sein de la famille, mais aussi avec Dieu, en lui offrant un sacrifice (Lévitique 6:1-6).
PARENTS ET ENFANTS:
On pouvait remarquer cette imbrication de la religion et de la vie de famille dans la façon dont les parents élevaient leurs enfants. Ils les encourageaient à poser des questions sur l'histoire et la foi d'Israël (Exode 13:14). Là où Dieu avait fait quelque chose de spécial pour son peuple, on érigeait de grosses pierres. Et lorsque les enfants demandaient à quoi elles servaient, leurs parents le leur expliquaient (Josué 4:5-7).
Le jour de repos hebdomadaire, le sabbat, devait être l'occasion de se souvenir de Dieu et de le servir (Exode 31:15-17). Au début de l'histoire d'Israël, parents et enfants se rendaient au sanctuaire de leur localité. Ils y offraient un sacrifice et le prêtre les enseignaient. A l'époque du Nouveau Testament, le sabbat commençait le vendredi soir par le meilleur repas de la semaine. Puis on allait à la synagogue écouter l'explication de la loi par un rabbin.
Les parents enseignaient les lois de Dieu à leurs enfants. Ils mémorisaient certaines portions de la Bible, comme les Psaumes et d'autres textes poétiques. Le soir, on leur racontait des histoires bibliques.
FETES:
La signification des grandes fêtes d'Israël ressortait clairement de certaines cérémonies. Lors de la pâque, par exemple, le père demandait à l'aîné de la famille: «Pourquoi célébrons-nous cette fête?» Et l'enfant expliquait comment avait été instituée,d'après ce qu'on lui avait apfris. Il y avait aussi le jour du Grand Pardon, puis la fête des Tentes, où tous vivaient dans des tentes faites de branchages, en souvenir de la façon dont leurs ancêtres avaient campé dans le désert. Plus tard, aphès le retour de l'exil, les enfants jouaient l'histoire d'Esther lors de la fête des Pourim. Toutes ces fêtes étaient pleines de vie et d'action, et les enfants voulaient savoir, à chaque fois, quelle en était la signification. De cette façon ils apprenaient l'histoire d'Israël en temps que peuple de Dieu (voir aussi 5e partie: Religion et culte dans la Bible).
ÉDUCATION:
Il n'y avait pas d'école proprement dite à l'époque de l'Ancien Testament. Les enfants étaient instruits à la maison, d'abord par leur mère, puis par leur père. En plus de la religion et de l'histoire, enseignées à l'aide de récits et de questions-réponses et mémorisées par les enfants, les filles apprenaient les arts ménagers --cuisine, filage et tissage-- de leurs mères et les garçons un métier manuel de leur père. Les Juifs avaient un dicton: «Celui qui n'enseigne pas à son fils un métier utile le prépare à devenir un voleur.» Le travail du père, ses outils et, plus tard, les membres de sa corporation, jouaient un rôle décisif dans l'éducation d'un garçon (voir 8e partie: Travail et société dans la Bible).
TERRES ET ANIMAUX:
Chaque Israélite avait son lopin de terre. Garçons et filles avaient ainsi des travaux à faire à l'extérieur: viticulture, labourage ou battage.
Les enfants s'occupaient aussi des bêtes de la famille --en général, moutons et chèvres. Chaque famille, même la plus modeste, espérait avoir les moyens d'acheter deux agneaux pour la pâque. L'un était tué et mangé, mais l'autre devenait le camarade de jeux des enfants et fournissait la laine pour leurs vêtements. Chez les pauvres, il n'y avait pas d'étable pour les bêtes, et l'agneau dormait souvent avec les enfants et mangeait dans leur bol (II Samuel 12:3). A la fin de l'été, on le tuait, et la viande était conservée dans la graisse de sa queue. Laplupart des familles avaient aussi au moins une chèvre qui donnait du lait, dont une partie servait à faire du fromage de chèvre.
Même si certaines familles avaient des chiens, cela était plutôt rare, et le chien passait pour un charognard.
L'âne était la bête de somme la plus commune. Il transportait de lourdes charges, et aussi les gens. Les fermiers riches se servaient de boeufs pour les travaux des champs et de chameaux pour les transports.
NOMADES ET SÉDENTAIRES:
Les ancêtres des Israélites vivaient sous des tentes. Abraham quitta la vie urbaine et civilisée d'Ur sur l'Euphrate pour obéir à l'appel de Dieu. Pendant le restant de sa vie, il vécut en nomade. Son fils Isaac et son petit-fils Jacob vécurent également sous des tentes --comme, de nos jours, les bédouins. L'eau était rare, surtout en été ou pendant les périodes de sécheresse, et les natifs de Canaan défendaient leurs puits contre des nomades qui puisaient de l'eau non seulement pour eux-même, mais aussi pour leurs troupeaux. Le conflit entre Abimélek et Abraham sur le puits de Beersheba en est un exemple typique (Genèse 21:25-31).
Bien qu'ils n'aient pas eu de domicile permanent, Abraham et sa famille étaient suffisamment sédentaires pour cultiver des céréales. Ils ne se sont jamais trop éloignés des contrées peuplées. Après l'époque de Moïse, le peuple d'Israël, voulant s'établir pour de bon, fit la guerre pendant des années. Après que les Israélites eurent conquis leur pays, d'autres tribus nomades vinrent s'y installer. Et les Israélites durent apprendre à leur tour à être bons envers les étrangers qui finirent par former la classe ouvrière de la population.
Un jour ressemblait à l'autre, et durant des siècles, la vie familiale ne varia presque pas. Le train-train des événements ordinaires fut parfois interrompu par une invasion ennemie, mais autrement les gens vivaient en paix, très proches de la terre. Chaque famille s'occupait de sa petite ferme. Il fallait soigner les bêtes. Et il y avait les travaux quotidiens de nettoyage, de cuisine, de filage, de tissage et de teinture, en plus des corvées de la ferme.
RELATIONS FAMILIALES
Au cours de l'histoire d'Israël, la vie de famille a pris de plus en plus d'importance. Lorsque les clans devinrent sédentaires, les familles rapetissèrent.
LE PERE:
Au sein de cette cellule familiale réduite, le père était le chef absolu. Il pouvait, s'il le désirait, vendre sa fille comme esclave ou faire punir de mort un enfant désobéissant. Il avait le droit de répudier sa femme sans indiquer de raison et sans pourvoir à ses besoins. Et c'était lui qui mariait ses fils.
LA FEMME:
Elle était la propriété de son mari et le considérait comme son maître. Ceci était encore vrai à l'époque du Nouveau Testament. Bien que la femme fît une bonne partie des travaux pénibles, elle occupait une position peu élevée dans la famille et la société. Mais la loi protégeait la femme divorcée, et on enseignait aux enfants à respecter leur mère. L'attitude de Jésus à l'égard de la femme (par exemple dans Jean 4) contrastait très vivement avec celle de ses contemporains. Et l'enseignement chrétien était très clair: «Il n'y a donc pas de différence entre les hommes et les femmes, vous êtes tous dans l'union avec Jésus-Christ.» Il n'y a pas de citoyens de seconde classe dans le royaume de Dieu.
PASSAGES BIBLIQUES SUR LA FAMILLE:
Exode 20:12;21:7-11. Deutéronome 21:15-21;24:1-4 (comparé à: Matthieu 19:8-12).
Enseignement des proverbes sur les relations parents-enfants: 1:8-9;4-5;6:20-35;10:1;13:1-24;17:21-25;19:13-18.27;20:11;22:6.15;23:13-16.19-28;28:7.24;29:15.17;30:11.17.
Dans le Nouveau Testament, lire: Éphésiens 5:21-33;6:1-4. Colossiens 3:18-21.
HÉRITAGE:
Normalement, seuls les fils avaient droit à l'héritage --et le fils aîné de la famille héritait une double part de la propriété de son père. Uniquement s'il n'y avait pas de fils, les filles pouvaient recevoir un héritage. Lorsqu'il n'y avait pas d'enfant du tout, la propriété revenait au parent le plus proche.
RESPECT ET DISCIPLINE:
Plus que n'importe quel autre livre de la Bible, les Proverbes traite des relations entre parents et enfants. Pour leur bien, ceux-ci doivent respecter leurs parents et recevoir leurs instructions et conseils. Les parents qui aiment leurs enfants n'hésiteront pas à les corriger, surtout ceux en bas âge. «Le bâton et la réprimande donnent la sagesse, mais le jeune homme livré à lui-même fait la honte de sa mère.» Le bonheur des parents est lié à celui de leurs enfants, et vice versa. Et le respect de Dieu en est le point de départ.
Le Nouveau Testament part du même point de vue. C'est le devoir chrétien des enfants d'obéir à leurs parents et celui des parents d'élever leurs enfants selon les principes et la discipline de l'évangile.
TEMPS:
On était pas pressé dans les foyers juifs. Avant que les Grecs et les Romains n'utilisent l'horloge à chandelle ou à eau, on lisait l'heure sur des cadrans solaires (bien que les Égyptiens aient utilisé le sablier bien longtemps avant). Trois systèmes de division du temps furent successivement en vigueur à l'époque biblique.
Au début, lorsque Canaan était sous l'influence de l'Égypte, le jour commençait au lever du soleil. Il y avait un calendrier de douze mois de trente jours, auxquels on ajoutait cinq jours supplémentaires à la fin de l'année. On marquait les jours du mois en mettant une cheville dans une plaque en os ayant trois rangées de dix troues.
Plus tard, sous l'influence babylonienne, le calendrier semble avoir changé. L0 jour commença au lever de la lune (18 h 00) et un jour complet devint «un soir et un matin». Le soir était divisé en trois veilles de quatre heures.
Les Romains en firent quatre veilles de trois heures. Leurs mois commençaient par la nouvelle lune, dont on signalait le début par un feu de joie sur les collines. Ils n'avaient que 28-29 jours, et il fallait ajouter un jour supplémentaire après quelques années pour ajuster le calendrier au soleil. Ce sont les prêtres qui décidaient quand il fallait le faire.
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LES GRANDES OCCASIONS
De par le monde, chaque famille a ses «grands jours» --de joie et de douleur. Ce ne sont pas partout les mêmes, et ils ont varié au cours des siècles. A l'époque biblique, la mise à la retraite n'existait pas. Mais, comme de nos jours, trois sortes d'événements jouaient un rôle particulier dans la vie des familles: la naissance d'un bébé, un mariage ou un deuil.
LA NAISSANCE D'UN BÉbÉ:
«Des enfants, voilà les vrais biens de la famille,
la récompense que donne le Seigneur!
Les fils qu'un homme a dans sa jeunesse
sont comme des flèches dans la main
d'un guerrier.
Heureux l'homme qui peut en remplir son carquois!»
Ces paroles du psaume 127 montrent qu'aux yeux d'Israël, une grande famille était le signe de la bénédiction divine, tandis que de ne pas avoir d'enfant était celui de la défaveur de Dieu (voir l'histoire d'Anne dans I Samuel 1).
Il était surtout vital d'avoir des fils --à tel point que l'on changeait le nom de la femme de «fille de...» en «mère de...» à la naissance de son premier fils. Une fois grand, son garçon pouvait, en effet, aider à travailler la terre. On attachait pas autant d'importance à la naissance d'une fille, encore qu'en contrepartie pour le travail qu'elle fournissait, on exigea le payement d'une dot lorsqu'elle quittait le foyer pour se marier. Les fils perpétuaient aussi le nom de la famille. A une époque où les gens ne savaient pas très bien s'il y avait ou non une vie après la mort, ils aimaient à croire qu'ils survivraient dans leurs enfants. Ne pas en avoir équivalait donc à perdre toute espérance. C'est pour cette raison que, lorsqu'un homme mourait sans enfants, il fallait que son plus proche parent épouse sa veuve. Leur fils aîné prenait alors le nom du défunt et héritait de ses terres (loi du lévirat dans Deutéronome 25:5-6).
COUTUMES:
On lavait le nouveau-né et frottait son corps avec du sel, pensant que cela rendait sa peau ferme. Puis on l'emmaillotait. La mère ou une voisine l'enveloppait d'un lange, puis enroulait des banees, souvent brodées, autour du bébé pour retenir ses bras. Plusieurs fois par jour on le frictionnait à l'huile d'olive et le poudrait de feuilles de myrte pulvérisées --ceci durant quelques mois.-- L'emmaillotement facilitait le port du bébé dans un «berceau» de laine sur le dos de la maman. La nuit, on suspendait le berceau à une poutre de la maison ou entre deux branches en fourche.
L'enfant était normalement nourri au sein pendant deux ou trois ans. Mais le taux de mortalité infantile était très élevé à cause des mauvaises conditions de vie dans laplupart des foyers.
A l'époque de l'Ancien Testament, on donnait le nom au bébé le jour où il venait au monde. Ce nom avait toujours un sens. Il rappelait les circonstances de la naissance ou un trait caractéristique de l'enfant ou encore les sentiments ou réactions de sa famille. Ainsi, Rachel, la femme de Jacob, appela son premier fils Joseph --«que le Seigneur m'ajoute un autre fils!» Le nom de Barak veut dire «éclaire», celui d'Élie «le Seigneur est Dieu» et celui d'Ésaïe «le Seigneur sauve.»
CÉRÉMONIES:
Du temps de Jésus, le garçon recevait son nom que le 8e jour, lors de sa circoncision (incision de la peau de son prépuce). Bien d'autres peuples circoncisaient les garçons lorsqu'ils devenaient membres adultes du clan. Mais depuis l'époque d'Abraham, Dieu a fait de la circoncision le 8e jour, le signe visible de la promesse faite à Abraham et à tous ses descendants. Ce rite leur rappelait que chaque enfant né en Israël faisait partie du peuple de Dieu. Malheureusement, on oublia souvent le sens profond de la circoncision, et au moment de l'exil à Babylone, on y voyait plus que la marque distinctive du Juif.
Deux autres cérémonies avaient lieu bientôt après la naissance. Si l'enfant était le «premier-né» de la famille, il appartenait à Dieu de façon toute particulière et devait être «racheté». Cela remontait à l'exode. Lorsque les premier?(-nés des Égyptiens périrent, Dieu épargna ceux des Juifs. Tous les premiers-nés mâles étaient désormais au Seigneur. «Tout premier-né d'homme parmi les fils, tu le rachèteras... «C'est à main forte que le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte: voilà qui te tiendra lieu de signe» (Exode 13:13-16). La première génération après l'exode fut rachetée par la consécration des lévites au service de Dieu. Ensuite, chaque famille payait cinq pièces d'argent pour le rachat de leur premier-né.
La seconde cérémonie était un sacrifice offert par la mère de l'enfant pour sa «purification» (Lévitique 12). D'après la loi de Moïse, il fallait être «pur» pour offrir un culte à Dieu. Certaines choses --comme le contact avec un cadavre, un accouchement ou l'absorption de viandes prohibée(-- excluaient momentanément l'Israélite du service de Dieu. Pour redevenir «pure», la jeune mère devait sacrifier d'abord un pigenn, puis un agneau. Si le couple était pauvre, comme c'était le cas de Joseph et de Marie, elle pouvait offrir un deuxième pigeon à la place de l'agneau. A l'époque du Nouveau Testament, on mettait de l'argent dans le trésor du temple pour payer les sacrifices, et les femmes se rassemblaient ensuite sur les marches de l'autel pour la cérémonie.
Du temps de Jésus, on considérait un garçon comme un homme à son 13e anniversaire. Au cours d'un service spécial, il devenait Bar Mitzwa («fils de la loi»). Auparavant, il avait appris à lire les passages de la loi et des prophètes qui allaient être lus à la synagogue, ce jour-là. Il devait lui-même en faire la lecture lors de ce service. Puis le «rabbi» s'adressait à lui et invoquait sur lui la bénédiction divine, en répétant la magnifique formule de Nombres 6: «Que le Seigneur te bénisse et te protège! Que le Seigneur fasse rayonner sur toi son regard et t'accorde sa grâce! Que le Seigneur porte sur toi son regard et te donne la paix!>
Le garçon était à présent un membre adulte de la communauté. Parfois, ses parents l'emmenaient déjà un an plus tôt pour qu'il puisse voir comment se déroulait ce genre de service.
MARIAGE ET NOCES:
Le récit de la création dans Genèse 1 et 2 montre que Dieu avait conçu le mariage comme l'union à vie d'un homme et d'une femme. Mais bientôt il fallut un code de lois pahce qu'on s'étai écarté de la norme.
REGLES ET COUTUMES: Cela ressort de l'examen du code d'Hammourabi, roi de Babylone (vers 1700 av. J.-C.):
«Un homme ne prendra pas de seconde femme, sauf si la première ne peut avoir d'enfants. Dans ce cas l'homme peut prendre une concubine, ou bien sa femme peut lui donner sa servante pour avoir des enfants d'elle. Les enfants de l'esclave ne doivent être renvoyés.»
Il ressort de l'histoire d'Abraham que lui aussi suivait ces coutumes. Ceci explique pourquoi il était tellement inquiet, lorsque Sara insistait pour qu'il renvoie Hagar et son fils (Genèse 16:1-6;21:10-12).
Les moeurs étaient moins rigides du temps de Jacob et d'Ésaü, car on pouvait alors avoir plusieurs femmes. Cette pratique se généralisa, au point qu'à l'époque des Juges et des Rois, un homme pouvait avoir autant de femmes qu'il était en mesure d'entretenir. Mais cela créait toutes sortes de problèmes. Facilement, il en favorisait une aux dépens des autres.
Deutéronome 21:15 envisage ce genre de cas en interdisant à un homme d'ôter le droit d'aînesse à son premier-né pour le donner au fils de «la femme qu'il aime». Sans doute y avait-il des raisons économiques pour avoir plus d'une femme: plus il y avait d'enfants, plus il y avait de main-d'oeuvre. Mais avec le temps, l'entretien de plusieurs femmes devint si coûteux qu'il n'était plus compensé par ce que l'on gagnait en ayant davantage d'enfants.
A l'époque de Jésus, la pratique courante était à nouveau d'avoir une seule ferme, bien qu'Hérode le Grand en ait eu neuf un moment donné.
Il était très rare qu'un homme ne se marie pas --en hébreux il n'y avait même pas de mot pour «célibataire». On se mariait très jeune en Israël. L'âge légal était treize ans pour les garçons et douze ans pour les filles. C'est sans doute pour cette raison que les parents arrangeaient le mariage de leurs enfants --généralement avec quelqu'un du même clan et, de préférence, avec un cousin germain. Il était défendu d'épouser uÇ étranger qui servait d'autres dieux. La loi interdisait aussi les mariages entre proches parents (Lévitique 18:6-18). Les jeunes avaient parfois leur mot à dire dans le choix du conjoint. Sichem (Genèse 34:4) et Samson (Juges 14:2) prièrent leurs parents respectifs de leur prendre une certaine fille pour femme. Il était aussi permis d'épouser un esclave ou un prisonnier de guerre.
Le mariage était un acte civil plutôt que religieux. Lors des fiançailles, un contrat était passé devant deux témoins. Parfois, le couple échangeait une bague ou un bracelet. Les fiançailles engageaient autant que le mariage. Durant la période d'attente avant le mariage, alors que sa fiancée vivait encore sous le toit paternel, l'homme était dispensé du service dans l'armée (Deutéronome 20:7).
Une somme d'argent, la dot ou mohar, devait être payée au père de la jeune fille. On pouvait aussi la fournir, du moins en partie, en journées de travail. Le père pouvait disposer des intérêts que rapportait la dot, mais il ne pouvait pas toucher au capital. La dot était rendue à la fille lors de la mort de ses parents ou de son mari. Le beau-père de Jacob, Laban, semble avoir rompu avec la coutume en mangeant la dot de ses filles (Genèse 31:15).
Le père de la jeune fille lui faisait à son tour un cadeau de mariage qui consistait en servantes (comme dans le cas de Rébecca et de Léa), terres ou propriétés.
LES NOCES:
On les célébrait lorsque le fiancé avait préparé le logement où il allait vivre avec sa fiancé. Le soir des noces, il se rendait avec ses amis à la maison de sa fiancée. Celle-ci l'attendait, voilée et revêtue de sa robe de mariée. Elle portait les bijoux que son fiancé lui avait données. Parfois, son front était ceint d'un bandeau de pièces d'argent (c'était peut-être une de ces pièces qui s'était perdue dans la parabole racontée par Jésus dans Luc 15:8). Lors d'une cérémonie très simple, le voile était ôté du visage de la mariée et posé sur l'épaule de son époux. Celui-ci, accompagné de son garçon d'honneur («l'ami du marié») et de ses invités («les fils de la salle de noce»), conduisaient ensuite la mariée dans sa maison ou celle de ses parents pour le repas de noces auquels tous leurs amis étaient conviés. Les invités attendaient en cours de route, dans leurs plus beaux habits et avec leur lampe (ou torche), grossissant le cortège au fur et à mesure qu'il approchait de la salle du festin.
La loi de Moïse autorisait un homme à répudier sa femme. Mais il fallait qu'il lui écrive une lettre de divorce avant de la renvoyer. A l'époque de Jésus, les rabbins juifs discutaient souvent des motifs de divorce (voir la question posée par les pharisiens à Jésus dans Matthieu 19). Certains toléraient le divorce pour tout ce qui déplaisait au mari, y compris la cuisine de sa femme! D'autres pensaient qu'il gallait qu'elle ait commis une faute grave, comme l'adultère. Mais une femme ne pouvait pas répudier son mari. Tout au plus pouvait-elle le forcer, dans certains cas, à divorcer avec elle.
Autres passages bibliques sur le mariage et les relations mari-femme: Genèse 1:26-31;2:7.18-25. Deutéronome 24:1-4 et Matthieu 19:3-12. Proverbes 5:15-20;12:4;18:22;19:13-14;21:9.19;25:24;31:10-31. I Pierre 3:1-7.
Passages où il est fait allusion aux noces: Genèse 24;29. Juges 14. Matthieu 22:2-14;25:1-12. Luc 14:7-14. Jean 2;3:27-30. Apocalypse 21:2.
LE DEUIL:
Face à la mort, Paul pouvait écrire aux Philippiens: «Pour moi, la vie c'est le Christ, et la mort est un gain... Je désire quitter cette vie pour être avec le Christ, ce qui serait bien préférable.» Il savait que pour le chrétien il y avait une vie merveilleuse après la mort, grâce à la crucifiction et la résurrection de Jésus. Mais les Juifs n'ont pas touiours eu pareille espérance.
CROYANCE:
Au début, les Israélites croyaient qu'à leur mort, ils allaient en un lieu plein d'ombre, quelque part sous la terre, appelé sheol. Ce n'est que bien plus tard qu'ils commencèrent à se demander comment un Dieu juste pouvait laisser mourir ainsi des gens qui avaient vécu avec lui. Sans doute, le sheol n'était-il pas le point final. Il devait y avoir une résurrection, et une destinée éternelle dépendant de la façon dont l'homme a vécu ci-bas. C'est ce que vint confirmer la parole prophétique de Daniel: «Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour l'oprobre, pour l'horreur éternelle» (Daniel 12:2). Du temps de Jésus, les pharisiens croyaient en une résurrection, mais pas les sadducéens. Mais ce fut l'histoire de la mort et sa promesse d'une vieéternelle qui délivra les siens de la terreur de la mort.
FUNÉRAILLES:
L'organisation des funérailles ressemblait à celles d'aujourd'hui. Lorsque quelqu'un mourait, on lui fermait les yeux. Puis on lavait son corps et l'enveloppait dans des bandelettes pour pouvoir l'ensevelir rapidement, à cause du climat chaud. On ne le mettait pas dans un cercueil, mais on le transportait sur une civière jusqu'à la tombe. La famille et les amis du défunt le pleuraient de manière ostensible: larmes, cris, complaintes, vêtements de deuil, pieds nus, cendres sur la tête, habits déchirés et barbes rasées. Parfois, on engageait même des pleureuses professionnelles. On observait généralement un deuil de sept jours, mais on le protégeait pour des personnages importants (70 jours pour Jacob et 30 jours pour Moïse). On jeûnait pendant le deuil. Mais il y avait aussi un repas funèbre, souvent pris à la tombe. Dans les pays voisins d'Israël --surtout en Égypte-- on embaumait les morts. On leur ôtait les entrailles et le cerveau que l'on remplaçait par des substances balsamiques.
ENSEVELISSEMENT:
Les Israélites ensevelissaient leurs morts dans des cavernes, dont certaines étaient assez vastes pour toute une famille (Genèse 50:13) ou que l'on agrandissait en creusant des galeries avec des niches où l'on déposait les corps. Les riches se faisaient construire des tombes spéciales, avec des escaliers qui descendaient jusqu'à la chambre funéraire. L'entrée était fermée par une dalle de pierre contre laquelle on roulait une grosse pierre. A l'époque du Nouveau Testament, on faisait parfois glisser une grande dalle circulaire dans un creux pour fermer l'ouverture. Mais le nombre de cavernes, même celles que l'homme avait creusées, était limité. On ôtait donc souvent les ossements des niches pour les conserver dans des coffres de bois ou de pierre, appelés ossuaires.
Les pauvres étaient enterrés dans des tombes peu profondes. On posait une rangée de pierres autour du cadavre, puis on couvrait le tout d'une dalle de pierre. Toutes les tombes étaient blanches pour que les gens puissent les éviter. Car un simple contact les rendait «impurs».
PASSAGES MENTIONNANT LES COUTUMES LIÉES A LA MORT: Genèse 23;48:1?12;49:29-50;14. Deutéronome 34:5-8;14:1-2. II Samuel 1:11-12;3:31-35. Jérémie 9:17-18;16:5-7. Matthieu 9:23. Marc 15:42-16;1. Luc 7:11-15. Jean 11:17-44.