La Bible -COMMENT ELLE A ETE ECRITE ET EST DEVENUE UN LIVRE
La Bible -COMMENT ELLE A ETE ECRITE ET EST DEVENUE UN LIVRE
Sur un rayon, la Bible nous apparaît d'abord comme un livre épais. Mais une fois que nous l'avons en main, nous découvrons qu'il ne s'agit pas d'un seul livre, mais d'une collection de 66 livres, dont certains sont plus longs ou plus anciens que d'autres. Ces livres contiennent des récits historiques, de la poésie, des textes philosophiques, des cantiques --et même des lettres et des sermons.
Comment ces livres si variés ont-ils été écrits? Qui les a rédigés? Et comment ont-ils été rassemblés pour former le recueil que nous appelons la Bible?
La Bible se divise en deux parties: l'Ancien et le Nouveau Testament.
L'ANCIEN TESTAMENT HEBRAIQUE:
Il est composé des 39 livres qui constituent les écrits sacrés --ou les Ecritures-- du peuple juif et de leur religion, le judaïsme. Ils ont été écrits en hébreu et en araméen, les deux langues anciennes des Juifs. Certains sont tellement vieux qu'on ignore presque tout de leur origine. Les scribes juifs faisaient de temps en temps de nouvelles copies de leurs livres sacrés. Mais les documents se conservaient mal dans un climat comme celui des pays bibliques, de sorte que nous n'avons retrouvé que très peu de manuscrits très anciens de ces livres.
Jusqu'en 1947, les plus vieux textes de l'Ancien Testament hébraïque dataient des 9e et 10e siècles ap. J.-C. Il s'agissait de copies des cinq premiers livres de la Bible --du Pentateuque. Puis en 1947, on fit la remarquable découverte des manuscrits provenant de la bibliothèque de la communauté juive qui vivait à Qumrân, près de la mer Morte, du temps de Jésus. Ces manuscrits ont donc environ mille ans de plus que ceux datant du 9e siècle ap. J.-C. Parmi les manuscrits de la mer Morte, il y avait des copies de tous les livres de l'Ancien Testament, à l'exception d'Esther. Ces anciens manuscrits de Qumrân sont très importants parce qu'ils contiennent essentiellement le même texte que ceux du 9e siècle. On a donc pu s'assurer que le texte de l'Ancien Testament n'a guère changé durant ces mille ans. Les copistes ont travaillé avec soin et n'ont fait que peu d'erreurs ou de modifications. Bien sûr, par endroits des mots ou expressions différents sont employés. Et parfois il n'est plus possible de découvrir le sens exact de certains mots hébreux. Mais il n'y a pas de doute que l'Ancien Testament, tel que nous le possédons aujourd'hui, est, à peu de choses près, le même que lors de sa rédaction, il y a plusieurs millénaires.
VERSIONS ANCIENNES DE L'ANCIEN TESTAMENT:
Le texte de l'Ancien Testament nous est aussi parvenu en plusieurs versions anciennes, dont certaines viennent également confirmer l'exactitude du texte hébraïque de l'Ancien Testament que nous utilisons aujourd'hui.
La plus importante de ces versions est la traduction grecque de l'Ancien Testament, la Septante. Les Juifs hellénisants et beaucoup de chrétiens l'ont utilisée au début de notre ère. Un vieux document, la lettre d'Aristée, prétend que la Septante a été traduite sous le règne du pharaon Ptolémée II Philadelphe (285-246 av. J.-C.) pour les Juifs établis en Egypte.
Le grec était la langue principale de l'empire romain, plusieurs autres versions grecques de l'Ancien Testament ont vu le jour aux premiers siècles de notre ère. Parfois le texte grec éclaircit certains passages obscurs du texte hébraïque, mais souvent il est tout aussi imprécis.
Lorsque le christianisme toucha les peuples parlant d'autres langues, l'Ancien Testament fut aussi traduit en latin (Vulgate), syriaque (Peshitto) et copte.
COMMENT L'ANCIEN TESTAMENT S'EST CONSTITUE:
Nous ne savons pas exactement comment le recueil de l'Ancien Testament s'est constitué. Mais nous connaissons les livres qui en faisaient partie un peu plus d'un siècle avant la naissance de Jésus et ceux que Jésus et les apôtres considéraient comme leur «Bible».
D'après une tradition juive, ce serait Esdras, le scribe (dont l'histoire est rapportée dans le livre d'Esdras), qui aurait rassemblé et éditer les livres de l'Ancien Testament. Mais des recueils des cinq premiers livres (les livres de Moïse ou Pentateuque), de certains livres prophétiques et poétiques (Psaumes et Proverbes) existaient déjà depuis longtemps.
Les Juifs ont classé leurs livres sacrés en trois groupes: la loi, les prophètes et les écrits. La loi comprend les cinq premiers livres de l'Ancien Testament (Genèse à Deutéronome). Bien que la Genèse ne contienne pas de lois, elle en fait tout de même partie, parce qu'on l'a attribuée à Moïse, comme les autres livres du Pentateuque. Les prophètes incluent non seulement les livres prophétiques proprement dits (Esaïe, Jérémie, Ezéchiel, etc.), mais aussi laplupart des livres historiques (Josué, Juges, I et II Samuel, I et II Rois). On les a classés parmi les prophètes, parce qu'ils ne nous présentent pas seulement les faits, mais aussi le sens que l'histoire prend aux yeux de Dieu. Les écrits se composent des livres sapientiaux (Proverbes, Ecclésiaste, Job), des Psaumes, de quelques livres historiques plus tardifs (I et II Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther) et d'un livre prophétique (Daniel).
Il est prouvé que du temps de Jésus, les écritures hébraïques étaient composées des 39 livres qui font partie aujourd'hui de l'Ancien Testament. Laplupart de ces livres sont cités dans le Nouveau Testament, ce qui montre bien la familiarité de Jésus et de ses disciples avec l'Ancien Testament tel que nous le connaissons. A côté des 39 livres de l'Ancien Testament, les Juifs avaient encore d'autres livres religieux. Certains d'entre eux furent inclus dans la version grec des Septante. Mais ces livres, connus sous le nom d'Apocryphes, n'ont jamais fait partie de l'Ancien Testament hébraïque.
COMMENT LE NOUVEAU TESTAMENT NOUS EST PARVENU:
Si nous sommes pauvres en manuscrits de l'Ancien Testament, nous en avons presque trop du Nouveau Testament. Les savants sont confrontés à plusieurs milliers de copies du Nouveau Testament. Parmi cette masse de documents, ils doivent choisir les plus dignes de foi --ceux qui se rapprochent le plus des textes originaux.
Le Nouveau Testament a été rédigé en grec. Or il y a des milliers de manuscrits grecs, sans compter les premières traductions du Nouveau Testament en latin, syriaque, copte, et bien d'autres langues, ainsi que les citations du Nouveau Testament dans les écrits des auteurs et théologiens des premiers siècles de l'ère chrétienne.
Nombre de manuscrits grecs contiennent le texte du Nouveau Testament qui était considéré comme normatif au 5e siècle ap. J.-C. La première édition imprimée de ce texte fut publiée en 1516 par l'humaniste hollandais Erasme. Jusqu'alors personne n'avait mis en doute son exactitude.
Au cours des deux siècles suivants parurent des textes avec notes expliquant certaines variantes d'après d'autres manuscrits grecs. On les trouve dans le texte de Robert Estienne, utilisé pour la traduction de la célèbre version anglaise de King James (1611), etdans l'édition d'Elzévir (1633), le Textus Receptus (texte reçu) qui servit de base aux traductions du Nouveau Testament en Europe.
Mais durant les 18e et 19e siècles, les savants se penchèrent davantage sur l'histoire du texte du Nouveau Testament. Ils découvrirent que certains des plus anciens manuscrits différaient du texte classique du 5e siècle, et qu'il était plus important de s'enquérir de l'âge et de la qualité d'un manuscrit que de la quantité d'exemplaires qui en ont été conservées. D'autres savants constatèrent qu'on pouvait grouper les manuscrits «en familles» ayant le même type de texte. On sait aujourd'hui que de plus anciennes «familles» de manuscrits, comme les textes alexandrins et occidentaux, sont plus conformes à l'original du Nouveau Testament que le texte classique du 5e siècle.
COMMENT ON COPIAIT LES MANUSCRITS:
Avant l'invention de l'imprimerie en occident au 15e siècle, tous les écrits que l'on voulait diffuser étaient copiés à la main, généralement par un groupe de scribes qui écrivaient sous la dictée de leur chef. Si l'un des copistes entendait mal ou était distrait, des fautes pouvaient se glisser dans son texte. Même le scribe qui, travaillant seul, avait le texte sous les yeux, se trompait parfois de mot en le recopiant.
Très peu de personnes pouvaient se permettre le luxe d'avoir leur propre Bible manuscrite, car cela coûtait trop cher. Les églises chrétiennes en possédaient généralement un exemplaire qui était à la disposition de leurs membres. Au début, les livres du N0uveau Testament étaient écrits sur des rouleaux de papyrus, de cuir ou de parchemin. Mais à partir du 2e siècle, l'emploi du livre (Codex), plus facile à manier que les rouleaux, s'est rapidement généralisé.
UN TEXTE FIABLE DU NOUVEAU TESTAMENT:
Deux des collections de manuscrits les plus importantes du Nouveau Testament les Papyri Bodmer (dont l'un date de la fin du 2e siècle) et les Papyri Chester Beatty (probablement du début du 3e siècle). Mais ils ne contiennent qu'une partie du texte du Nouveau Testament. Le Codex Sinaiticus, qui date du début du 4e siècle, renferme tout le Nouveau Testament et le Codex Vaticanus tout le texte jusqu'à Hébreux 9,13. Ces deux manuscrits ont probablement été faits par des copistes professionels à Alexandrie en Egypte.
Ces deux manuscrits sont à la base du texte grec du Nouveau Testament édité au 19e siècle par les savants Westcott et Hort. Ce texte est plus fiable que le texte classique du 5e siècle utilisé jusqu'alors dans laplupart des versions. Les deux collections de papyrus mentionnées ci-dessus n'ont été découvertes qu'après l'époque de Westcott et Hort. Elles ont aidé à étabpir un texte encore plus conforme à l'original du Nouveau Testament. Depuis, on trouve encore d'autres papyrus. Il n'existe évidemment aucun manuscrit qui soit le meilleur sous tous les rapports, et l'exactitude de chacun doit être soigneusement vérifiée.
Au cours des 250 dernières années, les savants se sont appliqués à établir un texte qui soit le plus conforme possible à l'original du Nouveau Testament. Les incertitudes qui subsistent sont mineures. Ils ont trait à certains mots (ou parties de mot) et n'affectent pas le sens général du texte.
COMMENT LE NOUVEAU TESTAMENT S'EST CONSTITUE:
Quoique nous ne puissions invoquer aucun témoignage de l'époque nous arrivons à reconstituer sans trop de peine les différentes étapes de la formation du Nouveau Testament. Les premières réunions chrétiennes ressemblant sans doute aux assemblées juives dans les synagogues, on y lisait égulièrement des passages de l'Ancien Testament. A cela venait s'ajouter le récit d'un des épisodes de la vie de Jésus ou le résumé d'un de Çes discours.
Au début, ce genre de compte-rendu était fait par un témoin occulaire. Mais à mesure que les églises augmentaient et que les personnes qui avaient connu Jésus de son vivant diminuaient, le besoin se fit sentir de mettre ces choses par écrit. C'est ainsi que les quatre Evangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) virent le jour. Ils jouèrent un rôle important dans la vie et le culte des Eglises primitives.
Les apôtres et d'autres dirigeants influents avaient écrits des lettres aux différentes églises et à certains chrétiens individuels. Comme ? lles contenaient de nombreuses directives pour la foi et la vie des chrétiens, l'ensemble des églises ne tarda pas à reconnaître leur utilité, et elles circulèrent de l'une à l'autre (Colossiens 4,16; II Pierre 3,16). Le livre des Actes fut accepté à son tour, parce qu'il faisait suite à l'Evangile de Luc et racontait les débuts des églises chrétiennes.
En l'an 200 ap. J.-C., les églises utilisaient les quatre Evangiles à l'exclusion des «autres vies de Jésus», plus ou moins légendaires, qui avaient été mises en circulation. Car on les considéraient comme faisant seul autorité sur la vie et l'enseignement de Jésus. Les lettres de Paul étaient acceptées et misent sur le même plan que les Evangiles.
Ce n'est que plus tard que les autres livres du Nouveau Testament furent reconnus par l'ensemble des églises. L'Apocalypse, par exemple, bien que déjà lue au 2e siècle, n'a commencé à être largement répandue qu'au 3e siècle. La lettre aux Hébreux était déjà lue à la fin du Ier siècle, mais elle n'a été acceptée qu'au 4e siècle par les églises occidentales, en partie parce qu'on ignorait qui en était l'auteur.
Il a aussi fallu plus de temps aux églises pour reconnaître II Pierre, II et III Jean et Jude comme faisant partie des Ecritures, et cela sans doute à cause du contenu de ces lettres. Car les livres du Nouveau Testament, ont été utilisés, au début, surtout pour la lecture en public. Lorsqu'ils ne s'y prêtaient pas, leur utilité devait sembler plutôt limitée.
Ce n'est donc pas un concil qui a décidé de façon arbitraire quels livres devaient faire partie du Nouveau Testament. Ces livres ce sont imposés aux églises qui ont fini par reconnaître leur autorité et leur utilité. Au concil de Laodicée (363 ap. J.-C.) et à celui de Carthage (397 ap. J.-C.), les évêques n'ont qu'entériné le fait accompli en dressant d'un commun accord une liste de livres identique à celle de notre Nouveau Testament, sauf qu'Apocalypse a été omis à Laodicée.
Les églises ont eu avant tout le soucis d'assurer que les livres inclus dans le Nouveau Testament transmettaient l'? xpérience, le témoignage et l'enseignementdes apôtres --donc des hommes qui ont vécu le plus près de Jésus.