J.R.R. Tolkien et la discipline de l'espoir

L'enfance de J. R. R. Tolkien était loin d'être idéale :

• Né en 1892 en Afrique du Sud, le père de J.R.R. Tolkien est mort en 1896 alors que Tolkien n'avait que quatre ans.

• En réponse, la mère de Tolkien a déplacé J.R.R. et son jeune frère en Angleterre pour se rapprocher de sa famille, et en 1900, sa mère se convertit au catholicisme romain, l'éloignant du reste de sa famille.

• Deux ans plus tard, la mère de Tolkien mourut, et Tolkien et son jeune frère devinrent dépendants de l'intercession et du soutien partiel d'un prêtre catholique romain pour leur pension et leur éducation.

C'est l'une des raisons pour lesquelles je respecte tant Tolkien. Malgré nos attentes culturelles modernes selon lesquelles il faut grandir dans un cadre idyllique, Tolkien a démontré qu'il est possible d'avoir une enfance sombre tout en possédant une imagination remarquable et vivifiante. Pourtant, on doit se demander comment quelqu'un qui a subi une telle perte a pu créer un endroit idyllique comme la Comté ?

Je crois que la vision chrétienne du monde de Tolkien a fait la différence. Cette vision du monde l'a équipé pour avoir la discipline de l'espoir. Pour emprunter à l'apôtre Paul :

Non seulement cela, mais nous nous réjouissons de nos souffrances, sachant que la souffrance produit l'endurance, et l'endurance produit le caractère, et le caractère produit l'espoir, et l'espoir ne nous fait pas honte, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné (Romains 5:3-5).

Je suis convaincu que l'un des plus grands cadeaux de Tolkien à ses lecteurs n'est pas les mythes de Numenor, la langue des elfes, ou la chanson d'après-dîner des nains (aussi impressionnantes que toutes ces choses puissent être). Au contraire, son plus grand cadeau est un exemple de la discipline de l'espoir au milieu d'obstacles écrasants.

L'ESPOIR AU MILIEU DES SITUATIONS "SANS ESPOIR"

La vie peut être effrayante. Puisque nos vies sont comme des histoires, elles incluent également des paramètres, des conflits et des résolutions. Parfois, ces conflits nous obligent à démontrer un  immense courage, à faire preuve de la discipline de l'espoir. Sinon, nous désespérons et ne surmontons jamais rien. Ce qui est fascinant dans cette discipline dans Le Seigneur des anneaux, c'est qui donne le meilleur exemple.

Tolkien n'utilise pas explicitement Bilbo ou Frodo Baggins, mais plutôt leur modeste compagnon Sam Gamegee. La première fois que j'ai commencé à penser à l'espoir en tant que discipline, c'était en lisant le Seigneur des anneaux. En particulier, cet échange entre Sam et Frodon m'a frappé :

Sam : C'est comme dans les grandes histoires de M. Bilbo, celles qui comptaient vraiment. Pleins d'obscurité et de danger, elles renfermaient, et parfois vous ne vouliez pas connaître la fin parce que comment la fin pouvait-elle être heureuse ? Comment le monde pouvait-il redevenir comme il était quand tant de mal s'était produit ? Mais à la fin ce n'est qu'une chose passagère cette ombre, même l'obscurité doit passer. Un nouveau jour viendra, et quand le soleil brillera, il brillera plus clairement. Ce sont les histoires qui sont restées avec vous, qui signifiaient quelque chose même si vous étiez trop petit pour comprendre pourquoi. Mais je pense que concernant les histoires de M. Bilbo, je crois que je les comprends désormais, je sais maintenant que les gens dans ces histoires avaient beaucoup de chances de revenir en arrière, mais ils ne l'ont pas fait. Ils ont continué parce qu'ils s'accrochaient à quelque chose.

Frodon : À quoi nous accrochons-nous, Sam ?

Sam : Qu'il y a du bon dans le monde, M. Frodon, et que ça vaut la peine de se battre.

Permettez-moi de suggérer que Sam est un personnage facilement sous-estimé. Pendant une grande partie de l'histoire, il est un personnage humoristique et certainement un ami fidèle, mais lorsque les choses deviennent désespérées, son personnage devient vraiment héroïque. Même si j'ai lu plusieurs fois Le Seigneur des anneaux, j'ai toujours une boule dans le fond de la gorge en regardant la version cinématographique de Peter Jackson. En particulier, je suis ému quand Frodon semble n'avoir aucun espoir de terminer son ascension au sommet du Mont Du Destin. Dans cette scène, Sam s'est exclamé à Frodon : « Je ne peux pas porter [l'anneau] pour toi. . . mais je peux te porter.

Qu'est-ce qui le pousserait à aller de l'avant au milieu d'une situation apparemment désespérée ?

Certes, son amitié loyale avec Frodon est une force puissante. Mais je pense que plus est à l'œuvre en ce moment. Le professeur Ralph C. Wood explique dans son livre, L'Évangile selon Tolkien, que les héros du Seigneur des anneaux font preuve d'une sorte d'endurance pleine d'espoir qui est différente de la simple endurance stoïque : « Les stoïques endurent la vie à la fois sans peur et sans larmes, convaincus que les choses ne pourraient pas être autres qu'elles ne sont. . .” (page 104). Contrairement aux stoïciens, Sam est convaincu que les choses peuvent devenir « autres qu'elles ne sont ». Plus précisément : Sam est convaincu que sa vie fait partie d'une histoire plus large qui se terminera bien, peu importe comment sa propre histoire se terminera.

Sam fait preuve de la discipline de l'espoir - une discipline qui peut nous permettre de voir quelque chose de l'autre côté de nos luttes actuelles.

APPRENDRE LA DISCIPLINE DE L'ESPOIR

Pour être honnête, l'espoir n'est pas une discipline facile pour moi. J'ai tendance à rester bloqué sur les déceptions de la vie. C'est peut-être pour ça que j'apprécie tant Tolkien. Il avait connu une grande tristesse dans sa vie, mais il était en quelque sorte capable d'illustrer l'espoir dans sa narration. Parce que je suis tellement convaincue de la valeur de l'espoir, je veux aider mes enfants et mes élèves à poursuivre intentionnellement l'espoir. Alors, comment pouvons-nous transmettre la discipline de l'espoir à nos propres enfants ?

Si vos enfants sont assez grands, je vous suggère de le chercher dans le prochain film Hobbit. Bilbo doit certainement montrer une combinaison d'espoir dans quelque chose au-delà de la lutte actuelle, sinon pourquoi ne pas simplement abandonner quand il se trouve dans la grotte sombre de Gollum ou sous l'ombre sombre de Mirkwood Forrest ? De même, essayez de revoir le film Le Seigneur des anneaux et de souligner l'importance de l'espoir là-bas également. Comment se fait-il que les personnages là-bas aient pu résister à des forces ennemies écrasantes de supériorité inimaginable en soldats et en monstres effrayants et à des épreuves quasi-insurmontables? Courage? Assurément. Mais je pense que ce courage était enraciné dans une foi qui croyait qu'il y avait quelque chose au-delà de la lutte actuelle.

Se concentrer sur quelque chose au-delà de notre lutte actuelle est également un bon conseil pour aujourd'hui. J'ai récemment eu une conversation avec un dirigeant de la communauté locale qui était perspicace sur cette question. Lorsqu'un de ses employés ou un membre de sa famille a lutté contre la peur, il leur a posé des questions sur une autre fois dans leur vie où ils ont fait face à quelque chose d’effrayant et l'ont surmonté. Il a ensuite dit : « Concentrez-vous sur ce sentiment de surmonter la peur. Concentrez-vous sur cela – pas sur la peur.

Apprendre à se concentrer sur l'espoir et non sur la peur - c'est un bon conseil pour les hobbits et les humains.