Le Coeur Chrétien Et Le Monde
Celui qui a suivi de près la marche des chrétiens, et qui s’est occupé des âmes avec un coeur tant soit peu zélé pour la gloire du Seigneur, et avec un vrai désir du bien-être spirituel des chers enfants de Dieu n’aura pas manqué de s’apercevoir de la fatale influence que le monde exerce sur eux quand il trouve l’entrée de leur coeur. Dieu seul, si ce n’est le coeur qui en a souffert, sait par quels subtils moyens et sous quelle aimable apparence l’esprit du monde envahit souvent le coeur du chrétien. Toutefois, les voies par lesquelles le monde s’insinue dans le coeur, ne sont jamais la manifestation de Christ à l’âme, ni la puissance de sa présence : c’est pourquoi ceux qui par la grâce se trouvent près de Christ, sont garantis de l’influence de ces sentiments et peuvent les juger, ainsi que tout ce qui tend à frayer dans le coeur un chemin au monde ou aux désirs en rapport avec le monde.
Ici-bas, nous sommes en lutte avec l’ennemi ; il cherche à nous surprendre lorsque nous ne sommes pas sur nos gardes ; et pour cela, il sait se transformer en ange de lumière ; si nous ne sommes pas près de Christ, et que nous n’ayons pas revêtu l’armure complète de Dieu, il nous est impossible de résister à ses ruses. La difficulté principale n’est pas de résister à la puissance de Satan, car Christ a vaincu pour nous ce terrible ennemi ; mais c’est de découvrir les pièges qu’Il nous tend, et surtout de distinguer que c’est lui qui est en action. Dans nos luttes avec l’ennemi, il s’agit donc de connaître l’état de nos propres coeurs.
L’oeil simple, c’est-à-dire le coeur rempli de Christ, discerne la ruse, et l’âme a recours au Sauveur pour sa délivrance ; ou même ses affections étant fixées sur Christ, le coeur n’offre pas de prise aux efforts de l’ennemi. Un coeur simple et plein du Seigneur échappe à bien des choses qui troublent la paix de celui qui ne s’en tient pas près. Grâce à Dieu, l’âme troublée et tourmentée trouve une ressource et un complet rétablissement dans la grâce de Celui qu’elle a eu la folie d’oublier ; seulement elle jouit des fruits de la grâce à travers plus de peines et d’exercices de coeur. Mais qu’elle ait courage : Il sait délivrer aussi bien que compatir. Voici maintenant les deux principes qui règlent les voies de Dieu à notre égard, pendant que nous traversons le désert : d’un côté, Dieu garde le coeur pour lui faire discerner ses propres intentions ; et de l’autre, Christ intercède pour nous, à l’égard de tout ce qui peut être appelé infirmité.
Il y a des difficultés réelles sur le chemin, et il y a des faiblesses en nous, et hélas! une volonté qui n’aime pas à être bridée, et qui se trahit sous mille formes de pensée et d’action. Nos faiblesses, comme notre volonté, tendraient à nous empêcher d’arriver au but de notre voyage ; mais il y a une grande différence dans la manière dont Dieu agit à l’égard de nos faiblesses, et à l’égard de notre volonté et des pensées qui en sont le fruit. «Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du coeur» (Héb. 4.12). Dieu juge par sa Parole nos pensées et nos intentions. Rien ne Lui échappe, aussi est-Il fidèle envers nous ; sa parole est dans le coeur comme un oeil auquel rien n’est caché. Toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire.
La tendance de notre coeur naturel est de se bercer des illusions qu’Il aime, mais rien n’est caché ; aucune de nos pensées ni de nos intentions ne l’est aux yeux de Celui à qui nous avons affaire ; et non seulement cela : sa parole est simple, nette et claire ; elle parle dans notre conscience, sachons l’écouter. Souvenons-nous que, quand Dieu parle, nous avons affaire à Celui qui parle aussi bien qu’à ce qu’Il dit. Voudrions-nous lui résister et le provoquer à jalousie? Nous ne pourrons éviter qu’Il ait prise sur notre conscience.
Au lieu de regimber contre les aiguillons, pensons plutôt au but que Dieu se propose. Il pourrait nous laisser à nous-mêmes, nous laisser marcher dans les choses qui, si sa grâce n’intervient, peuvent rendre toute la traversée du désert triste et humiliante pour nous. Il pourrait dire comme à Israël : «Éphraïm s’est attaché aux idoles, laisse-le faire» (Osée 4.17). terrible châtiment, plus dur que la punition extérieure la plus sévère! Mais notre Dieu ne veut pas nous priver de la clarté de sa face et de la douceur de sa communion. car Dieu ne châtie pas volontiers : c’est une oeuvre étrange , comme Il le dit (És. 28.21). Mais le mal est toujours mal à ses yeux, et Il ne peut le permettre. Comment donc Dieu agit-il dans nos pauvres coeurs? Il les atteint par sa parole, pour que notre conscience voie chaque chose comme Il la voit Lui-même. Son oeil est sur nous, sur notre coeur ; et Il trouve l’oeil de notre conscience éclairé sur ce qui se passe dans le coeur par cette parole qui lui révèle Dieu. Ce qui se trouve dans mon coeur, est-ce la pensée d’un pèlerin, la pensée de celui qui aime Dieu, une pensée selon la volonté de Dieu, une pensée qui convient à quelqu’un que Christ a aimé assez pour s’abaisser jusqu’à la mort pour lui? La pensée qui m’occupe, est-ce que je me la permets comme étant agréable à Christ, à ce Christ qui s’est donné pour moi afin que je sois sauvé? Il m’aime, Il sait ce qui tend à me faire tomber dans le désert. Il ne veut pas gouverner par des principes autres que les siens, autres que la sainteté, autres que ceux qui font les délices de l’homme nouveau, autres que la nature divine. Il ne peut se renier Lui-même (2 Tim. 2.13).
Voici maintenant le second point que je désire faire remarquer : c’est le gouvernement que Dieu exerce à l’égard de ses enfants. Il les avertit par sa parole, et s’ils n’écoutent pas, il intervient par sa puissance pour les arrêter, afin de pouvoir les bénir (cf. Job 33.14, 30). Dans les voies de Dieu le salut n’est pas mis en question ; Il regarde ses enfants et châtie ceux qu’Il aime. Dieu ne retire pas ses yeux de dessus les justes, et Il dit aussi aux fils d’Israël par le prophète Amos : «Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre, c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités» (Amos 3.2).
Solennelle pensée que d’être sous la main du Seigneur qui punit le mal partout où Il le trouve! Il est un feu consumant, et lorsque le moment en est venu, le jugement commence par sa maison. Quelle différence entre de tels rapports avec Dieu et la joie de son amour et de sa communion, lorsque l’on n’a pas contristé son Esprit et que l’on marche sous son regard et à la clarté de sa face. Je ne doute pas qu’une grande partie des maladies et des épreuves des chrétiens ne soient des châtiments envoyés de Dieu pour les choses mauvaises à ses yeux, desquelles la conscience aurait dû prendre connaissance, et qu’elle a négligées. Dieu a été obligé de produire en nous l’effet qu’auraient dû produire les exercices d’âme devant Lui. Il serait cependant injuste de penser que toutes les afflictions soient des châtiments, lors même qu’elles le sont quelquefois, elles ne nous sont pas toujours envoyées pour des fautes. Il se trouve dans l’âme des choses qui tiennent au caractère naturel et dont on a besoin d’être corrigé pour vivre davantage dans la communion de Dieu et pour le glorifier dans tous les détails de la vie.
Que Dieu nous donne, ainsi qu’à tous ses enfants, de rechercher chaque jour Sa divine présence.
Pascal Cusson
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