(article)

AU SEUIL DU MYSTÈRE DE NOËL

(texte légèrement condensé)

Comme une sentinelle :  Le formidable mystère de la conception virginale de Jésus tient la garde, invincible, dès l'aube de la foi. Jésus Fils de Dieu. Conçu du Saint-Esprit. Né de la vierge Marie. Sans mère au ciel. Sans père sur terre. (Hébr. 7.3). … Face au non moins formidable concert de l'incroyance, de ses railleries et diffamations séculaires… Face à l'attaque d'une raison qui, se prétendant sage, refuse d'adhérer à ce qui la dépasse. … Face aux savants réfractaires aux miracles qui se récrient: "Légendes! Mythes!".

Un commencement pur :  Une grâce absolue. Un cadeau de Dieu en personne déposé au cœur de l'humanité. Dieu commence là son opération souveraine. De manière insignifiante aux yeux des hommes, il dépose le germe de la nouvelle création. À court terme, un bouleversement national en résultera. À long terme, un renouvellement mondial, cosmique même! Il ne fallait pas moins que le Fils de Dieu lui-même pour que le déclenchement des grandes manœuvres salutaires se produise.

Joseph exclu :  L'homme conscient de sa capacité, de son vouloir (comparer Jean 1.13) et de ses prétentions illusoires, l'homme-mâle créateur, est exclu: jugement de Dieu sur les ressources propres de l'humanité. Le Sauveur du monde ne sera jamais issu des œuvres de Joseph! La suffisance humaine, la plénitude autonome de l'homme reçoivent ici un verdict sans appel. Marie, la merveilleuse, n'y échappe pas.

Marie-accueil :  Réceptive, dans la foi, au miracle du Saint-Esprit. Non pas à cause de sa foi. Non pas à cause d'un mérite qui lui serait particuliers. Mais parce que le Saint-Esprit la visite, l'illumine, la travaille… elle devient capable de recevoir la grâce. La vierge enfantera. Non pas à cause d'une qualité positive liée à sa virginité. Celle-ci s'est surtout affirmée pour démontrer le triomphe de Dieu dans sa créature. Aucun obstacle humain ne peut lui faire échec. S'il le faut (et ici il le fallait!), le Seigneur suscite un fonctionnement surnaturel pour que s'accomplisse son plan.

Le mystère de Noël :  L'Écriture fait preuve de sobriété quand elle signale prophétiquement – plus ou moins lumineusement à notre entendement – la naissance virginale de Jésus (Ésaïe 7.14, Michée 5.2). Les récits de la Visitation (Matthieu 1 et Luc 1) ne s'attardent pas outre mesure… Multiplier les affirmations, fournir des explications, ne peuvent qu'épuiser la foi: quand elle est saine, elle se suffit de peu de paroles, car rien n'est impossible à Dieu.

Incarnation :  L'incarnation du Fils de Dieu est le miracle central le plus absolu. Jésus venu dans la chair, le Christ de Dieu ayant pris corps d'homme, voilà qui dépassera à jamais toute tentative de compréhension rationnelle. J'en reste stupéfait. Je ne m'en remettrai jamais. Dieu parmi les hommes. Le Créateur de l'univers partageant son pain dans une cuisine de Galilée. Le premier saut de la foi, c'est ici que je me sens appelé à le faire. Après si… … si vraiment c'est vrai… … après je pourrai facilement reconnaître tout le reste dans l'enthousiasme:  Jésus-Dieu prêchant avec autorité, guérissant un malade, marchant sur les eaux, discernant les pensées, entendant la voix du Père, mourant sur la Croix, ressuscitant, montant au ciel, répandant son Esprit. Si Jésus est Dieu, né de Dieu, manifestant Dieu au milieu de nous, de quoi s'étonner? De quoi ne pas s'émerveiller?

À vos bons Noëls! :  Au-delà du sentimentalisme religieux de la fête traditionnelle – gardez-en un peu quand même, cela fait partie de votre humanité! – au delà des évidences immédiates, au cœur des scènes les plus courantes de votre vie quotidienne: Jésus. Il est venu. Il est là. Dieu avec nous: Emmanuel. Pour un temps encore, il échappe au regard. L'Esprit s'active dans l'humilité. Mais le jour vient où la démonstration sera faite pour notre allégresse: il reviendra comme il est parti, dans son corps ressuscité: on le verra à l'œil nu (Luc 21.27). Bon noël! Sans majuscule, parce qu'elle signale la fête pour 1.365^ième de l'année seulement, et c'est trop peu. Bon noël dans la banalité apparente, quand les gens se font pénibles, quand les choses se font tristes, quand l'âme et le corps s'alourdissent. Bon noël: le Christ de Dieu a pris chair, pour transfigurer vos solitudes, pour vous rejoindre personnellement; pour vous assumer. Et prendre à sa charge ce dont il vous décharge. L'incarnation de Dieu, c'est votre reconversion dans la foi, à portée de main…

Paul Dubuis, tiré de CERTITUDES