que deviendra mon âme
Que deviendra mon âme ?
Réincarnation ou Résurection
C'est dans un de mes romans que je faisais dire à l'un de mes
personnages : " Ils ont de la chance ceux qui croient en la
réincarnation ; ils peuvent espérer recommencer bientôt ce qu'ils ont
raté ici "
Cette réflexion est le reflet de pensées souvent émises aujourd'hui où
la mode est de croire en la réincarnation, source d'espérance nouvelle
pour un âge qui croit être nouveau, lui aussi, et qui n'est qu'un
retour aux vieilles philosophies grecques, hindoues, bouddhistes,
voire survivance de la gnose ou de la kabbale.
L'homme et son âme
L'homme, lorsqu'il n'est pas à la recherche de son âme, cherche à lui
accorder des sursis par des voyages successifs et des vies physiques
sans cesse recommencées. C'est ainsi qu'un de mes amis est persuadé
d'avoir été un général romain, un seigneur du Moyen- âge, un ministre
de la Renaissance... Aujourd'hui, il est journaliste dans un grand
groupe de presse.
Il est possible de mesurer l'attrait de la réincarnation chez nos
contemporains, et même si cette idée est très répandue, en faire la
constatation ne nous dispense pas de la discuter. D'autant que ses
partisans ne se dispensent pas, eux, de critiquer ou de disqualifier
toute autre pensée, et notamment celle venant du christianisme, lequel
parle de résurrection.
La mode réincarnationniste nous oblige au moins à réfléchir sur la
question de l'âme qu'un vent de libéralisme, de matérialisme et de
rationalisme a eu tendance à évacuer.
Vivre éternellement
L'intérêt pour les sciences et religions orientales a précédé le
retour en force de la croyance en la réincarnation, c'est à dire et
entre autre, à la non-mort totale de l'être puisqu'un des éléments
vivants le composant (l'âme) pouvait éviter le funeste anéantissement.
Imaginer l'immortalité de l'âme est une réponse au désir d'éternité
enchâssé au coeur de l'homme.
Mais qu'est-ce que l'âme, cette espèce de double vaporeux qui
quitterait le corps physique pour se promener dans les airs, ou irait
se fondre dans le nouveau corps duquel elle serait prisonnière,
jusqu'à la prochaine mort ?
Et si l'âme existe, d'autres questions émergent : un corps vivant
peut-il être déserté par l'âme ? Une âme peut-elle être séparée d'un
corps ?
Pour le chrétien, il est évident que l'âme existe puisque c'est le
Dieu Créateur de l'homme qui l'insuffle lui- même dans le corps du
premier être vivant. Mais si l'homme est mortel, physiquement mortel,
en est-il de même de l'âme ? L'immortalité de celle-ci est également
attestée dans la Bible ; de là surgit le problème de savoir ce qu'elle
devient après la mort physique. Bien des théories ont été avancées et
inventées, depuis la réincarnation, la présence des esprits des
défunts au milieu des vivants, jusqu'aux espaces intermédiaires comme
le purgatoire... La Divine Comédie de Dante a de savoureuses pages à
ce propos !
Le Karma
Puisque la thèse de la réincarnation n'est pas biblique, , il faut
bien que le christianisme ait quelque chose à lui opposer.
Le noeud du problème se trouve certainement, pour parler la langue qui
s'impose ici, celui du Karma. Or, le Karma est une espèce de loi selon
laquelle les actes accomplis dans une vie méritent une rétribution,
plus ou moins positive.
C'est une des déviances de cette loi qui a produit, dans l'histoire du
Christianisme, l'idée du purgatoire, lieu de punition et de rachat
entre l'enfer et le paradis. La purification s'obtient alors par la
souffrance, là où la réincarnation offre des situations nouvelles plus
ou moins valorisantes jusqu'à un hypothétique Nirvana, lieu de
perfection et de repos.
Payer sa dette
La notion de rétribution est importante parce qu'elle est aussi
sûrement inscrite en l'homme que l'âme que Dieu lui a insufflée. Et la
rétribution fait appel autant à la punition qu'à la récompense.
L'enjeu, c'est la vie ou la mort.
Selon la Bible, l'homme n'a qu'une vie, après quoi vient le jugement
(1) (donc la rétribution). Or ce jugement, venant de Dieu, ne peut
qu'être juste et exemplaire, La même Bible dit : tout homme est
désobéissant (2) (pécheur) aux règles de l'amour et de la solidarité,
de la justice et du respect : donc tout homme est jugé coupable.
" Le salaire du péché, c'est la mort " (3) déclare encore la Bible, et
une telle sanction, aussi juste soit-elle, reste insupportable,
d'autant que la volonté de Dieu est que l'homme vive !
Si le corps est mortel, l'âme peut et doit vivre. C'est pourquoi Dieu
programme la grâce là où d'autres tentent d'installer le Karma.
La rétribution, et surtout la punition, ne peuvent pas simplement être
effacées par la vertu d'une amnistie, laquelle serait finalement
injuste.
Le bouc émissaire
Si ce n'est l'homme qui paye pour ses fautes et ses erreurs, la
justice exige que la sentence tombe pourtant sur quelqu'un. Nous
entrons alors dans l'autre grand mystère, celui introduit par le Fils
de Dieu, Jésus, lequel accepte le châtiment pour que les hommes en
soient libérés. D'où le sens de cette célèbre citation de l'Evangile :
" Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle
" (4).
Dès lors, la mort est morte, l'immortalité de l'âme est garantie quand
bien même le corps s'efface.
Pas de réincarnation pour tenter d'aboutir au Nirvana puisque le don
de Jésus-Christ et la grâce de Dieu offrent une résurrection unique et
définitive.
Encore faut-il accepter qu'un bouc émissaire, parfaitement innocent,
prenne sur lui le salaire de notre faute et la sanction juste d'une
vie déréglée.
Cette acceptation, derrière laquelle il y a une totale dépendance, est
bien plus difficile à vivre qu'il y paraît. En effet, par orgueil,
nous voulons souvent nous imposer à payer nous-mêmes les pots que nous
cassons. En inventant d'autres circuits pour sauver son âme et
acquérir l'immortalité (laquelle se mériterait), l'homme manifeste
tout simplement son refus du don et la gratuité de Dieu.
Cela peut paraître absurde, non ?
Eric DENIMAL
Citations bibliques :
1) Hébreux 9:27
2) Romains 3:23
3) Romains 6:23
4) Jean 3:16
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