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Sondez Les Écritures
26 avril 2019

je souffre, donc je suis

JE SOUFFRE, DONC JE SUIS
Suzanne, enfant martyr et impotente, vit, agit, rayonne. Christophe, aveugle, gâche sa vie, a maille à partir avec la justice. Qu'est-ce qui, dans la souffrance, génère la victoire ou distille la destruction? Suzanne a 48 ans. Quasi grabataire depuis plusieurs années, elle ne vit plus que dans son lit, ne se déplaçant très difficilement, avec son fauteuil roulant. Enfant martyr, estropiée à vie à l'âge de sept ans par sa mère et son frère aîné, séquestrée, battue, torturée, violée à de multiples reprises jusqu'à l'âge de seize ans, elle a néanmoins connu une vie extrêmement dense et riche. Elle a fréquenté pendant des années les milieux artistiques et du spectacle, côtoyé une multitude de personnages très connus, animé des émissions radiophoniques. Elle s'est battue pour des causes humanitaires, jusqu'au jour où un très grave accident de circulation l'a stoppée net et l'a rendue irrémédiablement impotente. Aujourd'hui, malgré les antécédents de quarante-sept interventions chirurgicales sous anesthésie générale, elle continue de trouver la force de se battre pour les autres, à l'aide de son téléphone et de ses relations. Christophe a 34 ans. Atteint d'un rétinoblastome bilatéral à l'âge de deux ans, il a été amputé des deux yeux, pour rester en vie. Fonctionnaire de l'Éducation nationale, il a un poste taillé sur mesure pour son handicap. Malgré cela, il gâche sa vie et ses potentialités par son attitude négative. Considérant que tout le monde lui doit tout, il s'est, à de multiples occasions, laissé aller à des comportements antisociaux, qui lui ont valu deux traductions en justice, dont il est sorti avec des peines d'amende et de prison avec sursis. Deux cas extrêmes parmi mes patients, qui montrent bien qu'à une situation identique ou presque de souffrance ne correspond pas une destinée superposable, car l'attitude du souffrant est déterminante. Combien d'hommes et de femmes, comme Christophe, se bloquent sous les coups du sort, ne réagissent pas ou accusent les autres de leurs malheurs. Mais combien d'êtres humains aussi, comme Suzanne, passent outre leur souffrance, voire l'utilisent pour créer une vie utile, dense, riche, créative. Ces cas sont troublants, car ils pourraient faire penser que la souffrance est un élément positif de la vie, voire un bien. Or, il ne faut surtout pas se méprendre, car la souffrance est et restera toujours inacceptable en elle-même. Elle représente le mal et est inassimilable au bien. En réalité, elle ne fait que jouer un rôle de révélateur d'une personnalité qui réagit et utilise le mal pour en tirer un bien. Le Dr. Biot disait: "On ne mesure pas tant la valeur d'un homme à ses succès qu'à la façon dont il assume ses échecs".
Dieu: tortionnaire ou solidaire?
Dans la conception biblique, il peut être intéressant de comprendre l'idée de souffrance, son origine et sa raison d'être dans notre vie. Le texte de l'origine (Genèse 2:16,17) présente Dieu s'adressant à l'homme qu'il vient de créer et qui ne connaît pas encore le mal et la souffrance. Et il le met en garde: "Tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bonheur et du malheur car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir." On pourrait, en lisant ce texte, penser que Dieu est un père fouettard qui attend le premier faux pas de sa créature pour sanctionner impitoyablement. Mais on peut aussi voir en Dieu un père tendre et aimant qui avertit son enfant des conséquences néfastes et dramatiques d'une erreur. Or, tout le reste du récit biblique établit que c'est cette deuxième vision qui est la bonne. "Est-ce que je prends plaisir à la mort du méchant? Bien plutôt à ce que le méchant change de conduite et qu'il vive!" (Ézéchiel 33:11). Le récit de la Genèse nous montre alors un homme qui rejette Dieu et qui, de ce fait, se plonge dans la souffrance jusqu'à la mort, en endossant l'entière responsabilité de cette situation. La souffrance est donc bien, dans cette compréhension, la conséquence d'un mauvais choix. Mais, cela étant bien compris, la nature et la raison d'être de la souffrance dans notre existence étant élucidées, il est clair qu'il ne suffit pas de l'expliquer ainsi à des parents qui viennent de perdre un enfant, pour les consoler. Cette attitude, dogmatique et théorique, serait même choquante, pour ne pas dire révoltante. Alors, face à la souffrance, quelle attitude adopter?
Sublimer, aider, accompagner.
Le Christ a ouvert la voie au cours de sa vie terrestre. Il n'a probablement jamais disserté sur la théorie de la souffrance. D'après la description que nous font les évangélistes, Jésus n'a jamais expliqué aux hommes pourquoi ils souffrent ou même s'ils peuvent utiliser leur souffrance pour accomplir dans leur vie une grande tâche. Non. En fait, les évangiles nous le présentent en pleine action, s'approchant des uns et des autres pour les soulager. Il n'a pas attendu que soit créé un ministère de l'action humanitaire. Et il est allé plus loin que l'ont fait tous les humanistes de toutes les époques. Il s'est intéressé à la souffrance physique. Il a nourri des foules avec quelques pains et quelques poissons. Il a guéri des paralytiques, des boiteux, des aveugles, des estropiés. Il s'est intéressé à la souffrance psychique, affective et morale. Il a ressuscité le fils de la veuve de Naïn, la fille de Jaïrus (Luc 7:11-17;8:40-56). Il s'est intéressé à la souffrance spirituelle. Sur la margelle du puits de Sychar, il a montré à une femme samaritaine le chemin d'une guérison de l'esprit (Jean 4:1-12). De même avec Nicodème (Jean 3:1), ou le jeune homme riche (Luc 18:18). La souffrance est une anomalie, mais elle est une réalité. S'il nous faut l'admettre dans les faits, il ne faut pas l'admettre dans son principe. Que puis-je faire alors? En tant qu'être souffrant, je dois faire mon possible pour ne pas me laisser abattre et accabler, tout tenter pour transcender et sublimer cette souffrance, l'utiliser comme tremplin pour une vie, une action, une orientation nouvelles. En tant que thérapeute, et plus encore en tant qu'homme tout simplement, je dois tenter de me porter vers les autres pour les accompagner, les aider à porter, à assumer, éventuellement à comprendre pour accepter.
AUTEUR: Dr. Roland Fayard.

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Commentaires
A
Je trouve que vous faites un travail remarquable, que le Seigneur vous bénisse
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